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A la rencontre des réfugiés touaregs en Mauritanie - Reportage photos
vendredi 12 avril 2013
Victor Raison est photojournaliste. voir son site ici En Avril dernier, alors que la crise empire au Mali, il rejoint la Mauritanie voisine, où il passe plus d’un mois au contact des réfugiés maliens. A cette occasion il réalise des sujets sur les camps de réfugiés de Fassola et de Mbera à la frontière.

A Nouakchott, il rencontre les membres des jeunesses du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, la rébellion Touareg). Ceux ci lui confient les raisons de leur engagement, leur joie d’avoir enfin pu proclamer l’indépendance de l’Azawad -le Nord Mali- le 6 avril dernier, mais aussi leur peine face à la tournure que prennent les événements :
"Notre objectif : avoir notre propre territoire. On veut que les populations de lʼAzawad puissent vivre dignement et librement. Nous, on vient du désert, on est un peuple libre."
"Toute la jeunesse de lʼAzawad est déterminée à aller jusquʼ au bout. On veut rentrer dans notre pays pour travailler, cultiver nos terres, emmener nos bêtes paître, sʼoccuper de nos familles. Ce sont les jeunes qui doivent apporter le changement. Désormais lʼAzawad est libre de lʼoccupant malien, de lʼarmée malienne qui colonisait lʼAzwad par la militarisation."
La crise au Mali, rappel des faits :
Le 22 mars à Bamako la capitale du Mali, des généraux de l’armée malienne destituent le président Amadou Toumani Touré (dit ATT).

Dans le Nord du pays, 3 groupes armés, aux motivations à priori bien différentes, sautent sur l’occasion. En quelques jours, ils prennent le contrôle de la région, notamment des villes de Tombouctou, de Gao et de Kidal, presque sans coup férir. Alliés d’un jour, le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), le groupe armé Ansar Dine (partisan d’un Islam rigoriste et radical), AQMI (Al Qaeda pour le Maghreb Islamique) et le Mujao (Mouvement pour
l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest)
s’affrontent désormais et la situation ne cesse d’empirer.
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"On est juste un peuple simple qui vit dans le désert depuis des siècles. Pourquoi ne pourrions nous pas avoir notre propre autonomie, notre propre liberté ? Nous avons notre culture, un système, une organisation qui nous est propre. On est un peuple qui ne cherche pas de problème. Il ne faut plus tenir compte de lʼaspect politique des choses, il faut regarder le côté humain. Il y a des gens de souffrent parce que depuis le temps colonial jusquʼà nos jours les populations de lʼAzawad nʼont jamais bénéficié dʼinfrastructures sociales : des écoles, des dispensaires, des universités, des hôpitaux. Les populations ont toujours été exclues. Il y a des choses qui sont faites au Mali : on parle du FMI, des Nations Unies, ils sont tous là mais rien nʼest fait dans le Nord du Mali ! Pourquoi ? Si on veut quʼ un peuple évolue il faut lʼaider à étudier. L’éducation est primordiale, ensuite avec le temps les gens seront capables de se relever dʼeux même et d’aller de lʼavant."

"Dans mon village, proche de Gao, en 1995 tous les marabouts ont été exécutés par lʼarmée malienne, en plus dʼune soixantaine dʼautres personnes.
La raison pour laquelle lʼarmée malienne a commis ces crimes cʼest quʼelle croyait que la population était de connivence avec la rébellion. Moi jʼai eu la chance de faire partie de ceux qui ont réussi à sʼéchapper vers le Niger. Jʼavais 10 ans.
Ce qui va sauver notre culture cʼest la reconnaissance de lʼindépendance de lʼAzawad."

"Les gens de lʼAzawad sont obligés de fuir à cause de lʼarmée malienne qui les massacre et qui nʼa jamais cessé de les massacrer. A chaque fois que lʼarmée malienne perd du terrain face à nos combattants elle fait la chasse à la peau claire (les Touaregs) pour se venger."

"Jʼétait étudiant à Bamako, jʼai
perdu mon année universitaire. Jʼai
du fuir par peur des représailles.
Deux de mes amis ont vu une jeune
femme Touareg se faire bruler vive
dans les rues de Bamako. Nous
avons quitté la ville dans un bus au
milieu de la nuit avec une voiture
partie en amont qui nous indiquait si
la route était libre. Nous sommes
venus à Nouakchott avec toute ma
famille car nous y avions déjà été
accueillis lors de la précédente
rébellion Touareg dans les années 90."

"Je ne crois pas à lʼindépendance de lʼAzwad mais plutôt à une autonomie du nord Mali. Cela permettrait de conserver lʼintégrité du territoire malien tout en donnant aux habitants de lʼAzawad la possibilité de se gérer eux-mêmes avec par exemple la création dʼune université dans le Nord."




