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La mort pour apostasie : les ONG prennent la défense d’un Mauritanien

samedi 27 décembre 2014


En Mauritanie, mercredi 24 décembre au soir, un jeune homme a été condamné à la peine capitale pour apostasie. Les juges ont reproché à Mohamed Cheikh Ould Mohamed des écrits blasphématoires sur le prophète Mahomet et l’ont condamné à mort, ce qui fait vivement réagir les ONG. Ces dernières crient à l’injustice, mais gardent l’espoir que la peine ne soit pas appliquée.

Dans un article publié sur Internet, Mohamed Cheikh Ould Mohamed critiquait les inégalités entre castes en Mauritanie et s’interrogeait sur les sources coraniques de ce système. Son texte avait suscité une vague de mécontentement dans le pays. Résultat, le jeune homme a été condamné à mort pour apostasie, soit le fait de renoncer publiquement à une religion. Pour certaines ONG mauritaniennes, qui dénoncent le jugement, ce sont les manifestants qui ont fait basculer le tribunal et non le droit.

Pour Mamadou Sarr, le secrétaire exécutif du Forum des organisations des droits de l’homme (FONADH), la peine de mort est largement exagérée pour une simple opinion divergente. Selon lui, l’affaire démontre l’absence d’indépendance de la justice en Mauritanie. « C’est la rue qui fait la justice, accuse-t-il, parce qu’il y a eu des manifestations qui ont appelé à la peine de mort. Il ne fallait pas décevoir ces manifestants, alors que la justice et l’Etat doivent être au dessus des émotions. Si on fonctionne sur la base des pressions, on ne pourra jamais faire un procès indépendant. »

Un espoir : la Mauritanie reste un pays de facto abolitionniste

Pour les ONG, le plus inquétant, c’est que ce n’est pas la première condamnation à mort dans le pays. « Au cours de ces trois derniers mois passés, c’est la deuxième fois qu’une peine de mort est prononcée en Mauritanie, rappelle Gaetan Mootoo, en charge de l’Afrique à Amnesty International. Nous allons tout faire pour que cette peine ne soit pas exécutée et nous allons faire pression, écrire aux autorités mauritaniennes et, par ailleurs, il y a également un droit d’appel. »

Point plus positif, admet-il : sur toutes les peines de mort prononcées depuis 1987, « aucune exécution légale n’a eu lieu. Sur ce plan-là, nous sommes assez optimistes puisque pour notre organisation, la Mauritanie est classée parmi les pays de facto abolitionnistes. Il n’y a pas eu de peine de mort exécutée au cours de ces deux dernières décennies. »

Source : RFI