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Loi contre l’esclavage en Mauritanie : un double discours ?
samedi 15 août 2015
Le Parlement mauritanien a adopté jeudi 13 août une nouvelle loi contre l’esclavage. La pratique est désormais considérée comme un crime contre l’humanité. Dans ce nouveau texte, adopté à l’unanimité, les pratiques incriminées sont plus nombreuses et les peines d’emprisonnement à l’encontre de ceux jugés coupables d’esclavage sont doublées. Mais pour l’ONG anti-esclavagiste IRA Mauritanie, ce nouveau texte de loi ne fera pas évoluer la situation.
Après le vote d’un nouveau cadre juridique renforçant l’interdiction de l’esclavage en Mauritanie, Balla Touré, porte-parole de l’ONG Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA Mauritanie), dénonce un double discours des autorités mauritaniennes. « Ça ne changera pas, dit-il, puisque les premiers responsables du pays passent leur temps à dire qu’il n’y a pas d’esclavage en Mauritanie ».
Et pourtant, ajoute M. Touré, « les dirigeants continuent d’édicter des lois, ils continuent de mettre en place des cours spéciales et des agences soi-disant de lutte contre l’esclavage. Nous pensons que ce qu’il faut, c’est que ces autorités cessent le déni d’esclavage et prennent la chose au sérieux, prononcent des peines contre les personnes qui sont reconnues d’esclavage en Mauritanie. »
Jusqu’à présent, la loi mauritanienne pénalisait l’esclavage compris comme une privation de liberté ou un travail sans salaire. Le nouveau texte prend en compte dix autres formes d’esclavage, dont le mariage forcé d’une femme esclave en échange d’une contrepartie, la cession d’une esclave à un tiers, ou sa transmission par succession à une autre personne. Elle met par ailleurs en place des juridictions spécialisées pour juger les crimes d’esclavage et accorde une assistance judiciaire ainsi qu’une procédure gratuite aux victimes.
« Nous, à notre niveau, à IRA Mauritanie, nous sommes en train (…) de porter plainte contre les magistrats qui refusent d’appliquer la loi. Nous allons commencer par le faire au niveau national, ici devant les tribunaux mauritaniens. Si cela n’est pas suivi par les procédures normales, nous irons porter cela devant les juridictions internationales », explique Balla Touré, qui promet que l’ONG, « comme par le passé, continuera à combattre l’esclavage quel que soit le prix à payer ».
Source : RFI