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Mauritanie, Algérie : Un voisinage explosif

jeudi 17 novembre 2016


Un think tank américain les place dans son top 3 des pays à risques
Nouakchott-Alger-Rabat : Un triangle diplomatique troublé
Lundi dernier, deux affaires ont remis sous les projecteurs un pays dont on parle très peu, mais qui jouxte le Maroc, la Mauritanie. Un blogueur mauritanien, Mohamed Mkheitir, risque la peine de mort pour ses critiques du pouvoir. Au même moment, 13 militants appartenant à une association abolitionniste, luttant contre l’esclavagisme, sont menacés par 3 à 15 ans de prison. Quant à l’Algérie, le pays cumule mauvaise gouvernance, crise budgétaire et incertitude politique. Michael Rubin, un analyste de l’Agence internationale des entreprises (AEI), avait récemment placé la Mauritanie et l’Algérie après les Maldives, sur le podium des pays « risquant la guerre civile ».

■ Algérie : L’heure du marasme budgétaire et des incertitudes politiques
Le voisin de l’Est est aussi victime de ses propres démons. Pour l’Union européenne, l’Algérie est un mauvais élève pour ce qui est des droits de l’homme. Même écho pour Human Rights Watch qui résumait, dans un rapport de 2015, qu’il n’y avait eu « aucune amélioration générale de la situation des droits humains » dans ce pays. La loi facilite le contrôle de la presse ainsi que les restrictions vis-à-vis des ONG gênantes. Par ailleurs, l’état de santé du président Bouteflika laisse planer un vent de doute sur l’avenir de l’Algérie. Le pays incarne aussi un paradoxe, celui de la malédiction du pétrole. A un moment où le baril a été très bas, les maux économiques ont gagné en intensité. Le budget algérien repose à 60% sur les revenus du pétrole, autant dire que la chute de 40% des revenus du pétrole a traumatisé le pouvoir.

■ La Mauritanie : Un « havre » d’esclavagistes et de trafiquants
Le pays est dirigé par son homme fort depuis 2008. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz s’appuie sur un pouvoir autoritaire et sur la charia. Les procès de cette semaine témoignent des difficultés que rencontre la société civile dans ce pays. Le sort des militants qui luttent contre l’esclavage est une question politique récurrente. En plus de s’illustrer dans le mauvais sens sur les droits de l’homme, le pays est connu pour abriter de nombreux djihadistes. La corruption ouvre aisément les portes à un trafic venant en amont d’une Libye désorganisée.

■ Couloir de trafics, relations compliquées
Le Maroc est donc entouré par deux pays sur le bord de la rupture. La situation du Royaume chérifien contraste avec celle de ses voisins. L’Union européenne a distribué de nombreux bons points concernant la stabilité économique et la situation des droits humaines dans le pays. La Mauritanie penche plutôt pour l’Algérie. Cette dernière s’est attribué à plusieurs reprises le soutien de Nouakchott à propos du dossier du Sahara. Elle lui a rendu la pareille en soutenant l’actuel président mauritanien face aux injonctions de l’Union africaine en 2008. Or, l’Algérie est mise en marge des actions d’un « G5 Sahel » qui lutte contre le trafic sahélien. Preuve que les relations ne sont pas toujours au beau fixe entre ces deux Etats. Quant aux relations entre Rabat et Nouakchott, elles se sont récemment calmées à la veille de la COP22. Pourtant, l’été a été chaud entre les deux pays, notamment à cause d’un hommage rendu par le président mauritanien à Mohamed Abdelaziz, ancien leader du Polisario. Michael Rubin a affirmé que ces deux pays (l’Algérie et la Mauritanie) sont « de potentiels foyers de conflits dans le monde ».

Source : L’Economiste (Maroc)