Accueil > Culture > 2011, l’année des « hackers »

2011, l’année des « hackers »

vendredi 30 décembre 2011


Une « cyberarmée » qui défend les idées d’un Etat, ou des réseaux d’anonymes qui défendent la liberté d’expression : difficile de cerner les « hackers », alias les pirates du web. Pourtant, ils n’ont jamais été aussi visibles que cette année. Et une chose est sûre, les grands événements politiques devront désormais composer avec eux.

En 2011, c’est d’abord pendant le « printemps arabe » qu’ils ont fait parler d’eux : alors que la Tunisie et l’Egypte s’embrasent, les serveurs informatiques des sites gouvernementaux sont attaqués par des « cyberactivistes » qui revendiquent appartenir au réseau des « Anonymous ». Leur credo : la défense de la liberté d’expression, à l’heure où la censure fait rage dans les pays concernés.

On les retrouvera ensuite impliqués dans divers événements en 2011 : l’attaque des serveurs informatiques du président Robert Mugabe au Zimbabwe, celle contre l’Eglise de la scientologie ou encore leur soutien au mouvement « Occupy Wall Street » et autres manifestations d’« Indignés », dont ils sont souvent considérés comme le pendant cybernétique. Mais qui sont-ils ? Difficile de le savoir, puisque l’anonymat est au cœur de toutes leurs actions.

« Cyberarmée »

S’ils ont bénéficié d’une visibilité médiatique accrue en 2011, les Anonymous, encore entourés d’un épais mystère, sont pourtant loin d’être les seuls « hacktivistes ». Certains agissent seuls, parfois avec des motivations similaires, quand d’autres cherchent surtout à profiter du piratage pour défendre des points de vue « patriotes », parfois paroles officielles d’un Etat - ils sont alors souvent qualifiés de « cyberarmée ».

En France, c’est le cas par exemple des sites de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et de Valérie Boyer, la députée UMP à l’origine de la loi contre la négation des génocides : dans les deux cas, le piratage, venu de groupes de hackers turcs, permettait de protester contre les prises de position de Charlie Hebdo et Valérie Boyer, et d’imposer sur leurs sites un avis sur la question.

C’est cette diversité des hackers que pointe la compagnie de sécurité informatique McAfee dans son rapport sur les possibles menaces sur le web en 2012 : « 2011 fut une année confuse pour les activistes en ligne, avec des acteurs différents, souvent en désaccord les uns avec les autres et sans but clairement défini. Il a souvent été difficile de faire le tri entre des campagnes motivées politiquement et les actions des ’ script kiddies ’qui font ça pour leur loisir. »

« Une force crédible »

Leurs buts à long terme ne sont pas toujours clairs, mais les cyberactivistes politiques ne sont pas pour autant prêts de disparaître. Un autre groupe de hackers, Telecomix, fait parler de lui. Au Chaos Computer Club de Berlin, un forum qui réunit quelques bricoleurs du web, des pirates ont annoncé le lancement d’un portail visant à regrouper les vidéos de la révolution syrienne pour en faire une mémoire vive à disposition du monde entier, loin de la censure des autorités. Une façon d’aider les activistes syriens, qui luttent contre le régime de Bachar el-Assad.

Dans son rapport, McAfee conclut : « Une chose est sûre : lorsque des hacktivistes ont choisi une cible, cette cible a été compromise […] Ils représentent une force crédible. Que l’on soit d’accord avec leurs buts ou pas, les Anonymous et autres groupes d’hacktivistes ont montré qu’ils étaient plein de ressources, et même agiles dans leur choix de cibles et d’opérations ».

Source : RFI