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Coran profané en Mauritanie : arrestation d’un opposant proche des manifestants
mercredi 5 mars 2014
Un opposant mauritanien a été arrêté par la police pour avoir soutenu des manifestants contre une présumée profanation du Coran dans une mosquée de Nouakchott cette semaine, a-t-on appris mercredi auprès de son parti et de source policière.
Les forces de l’ordre ont procédé lundi soir à l’arrestation de M. Mohamed Ould Ghaddour, un responsable du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), pour avoir mis une citerne d’eau à la disposition d’un groupe de citoyens en sit-in contre cette présumée profanation dimanche soir, indique le RFD dans un communiqué.
Le RFD, un des principaux partis de l’opposition, dénonce des pratiques dictatoriales et exige la libération immédiate de M. Ould Ghaddour.
L’arrestation de M. Ould Ghaddour a été confirmée à l’AFP par une source policière selon laquelle il est accusé d’avoir soutenu les manifestations, dimanche et lundi, contre la profanation présumée du Coran en leur offrant une aide matérielle et morale.
Ces manifestations spontanées enregistrées dans plusieurs villes du pays ont été dispersées par la police avec des bombes lacrymogènes. Elles avaient fait un mort lundi et plusieurs blessés à Nouakchott. Le calme est revenu depuis dans le pays.
Selon une source proche de l’enquête, il y a des doutes sur la véracité de cette profanation en l’absence de tout indice pouvant accréditer une volonté réelle de porter atteinte au Coran dont seulement des feuilles ont été trouvées jetées par terre dans la cour d’une mosquée de la capitale.
L’enquête se poursuit, les auteurs présumés sont toujours recherchés et s’ils existent, réellement, sans doute qu’ils seront arrêtés et traduits en justice, a affirmé cette source sous couvert de l’anonymat.
Selon elle, l’unique version sur cette présumée profanation a été obtenue sur la base du témoignage d’un adolescent.
D’après ce témoignage repris par l’imam de la mosquée, quatre personnes non identifiées sont entrées dans la mosquée de Teyarett (quartier du nord-est de la capitale) où elles ont détruit quatre exemplaires du Coran, le livre saint des musulmans, avant de prendre la fuite dimanche soir.
Le porte-parole du gouvernement, le ministre Sidi Mohamed Ould Maham, avait appelé lundi les manifestants à la retenue et la modération pour éviter de tomber dans le piège de ceux qui cherchent à jouer sur les sentiments des musulmans pour des intérêts égoïstes.
L’incident supposé survient après un événement semblable à Zouérate (extrême-nord) où, début février, un malade mental présumé avait uriné sur un exemplaire du Coran. L’auteur présumé de cet acte avait ensuite été envoyé à Nouakchott pour des examens psychiatriques.
Auparavant, de nombreux Mauritaniens avaient exprimé leur colère après la publication début janvier d’un article jugé blasphématoire contre le prophète Mahomet et dont l’auteur, en jugement à Nouadhibou (nord-ouest), risque la peine de mort.
La charia est en vigueur en République islamique de Mauritanie, mais les condamnations extrêmes comme les peines de mort et de flagellations ne sont plus appliquées depuis les années 1980.
(AFP)