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En Mauritanie, le combat contre les violences faites aux femmes

mardi 8 mars 2016


Excisions, mariages forcés, viols… des maux qui meurtrissent nombre de Mauritaniennes et contre lesquels se bat l’association El Karamat en œuvrant pour faire respecter leurs droits et alléger le poids des traditions. Fatma Abdallah, sa présidente, évoque ici le travail salutaire mené en partenariat avec le Secours populaire.
L’association El Karamat, partenaire mauritanien du SPF, mise sur la pédagogie pour lutter contre les mutilations génitales subies par les petites filles.
DR

Nous sommes présents dans les montagnes de l’Affolé (région de l’Hodh el-Gharbi), dans le sud de la Mauritanie, où se concentrent une grande pauvreté et les séquelles de l’esclavage. Nous avons commencé par intervenir auprès des familles avec des actions de secours alimentaire, des campagnes de lutte contre les endémies. Nous militons pour les droits des humains, en particulier ceux des femmes et des enfants. Malgré quelques avancées législatives, l’application effective des lois relatives à la protection des droits de la femme se heurte au poids des traditions et à la conception patriarcale d’une société qui maintient encore la femme mauritanienne dans une position d’infériorité. Les discriminations dans les familles et les violences persistent, les mutilations, comme l’excision, continuent à être courantes. Beaucoup de petites filles sont encore mariées de force. Les violences domestiques, le gavage, les viols et d’autres formes d’abus sexuels sont répandus. L’exploitation dans le cadre du travail domestique persiste.

Lutte contre l’excision

Alors que la lutte contre les excisions et les mariages d’enfants a été reconnue comme une priorité du gouvernement, aucune action n’avait été menée dans la région de l’Hodh el-Gharbi, où nous intervenons. Le taux de couverture sanitaire est l’un des plus faibles du pays. En 2012, avec l’aide précieuse du SPF, nous avons organisé des missions d’évaluation dans les villages afin de mettre au jour les problèmes auxquels les femmes étaient exposées. Puis, nous avons mobilisé lors de formations les responsables locaux, les chefs religieux, mais aussi les parents et les exciseuses. Les populations doivent prendre conscience que l’excision n’a aucune justification sanitaire ou religieuse. Au contraire, ces pratiques entraînent souvent des complications et sont dangereuses pour les femmes qui les subissent. Pour favoriser la reconversion des exciseuses, des activités génératrices de revenus ont été créées avec l’ouverture de boutiques communautaires. Ces actions ont eu un impact sur la réduction de ces pratiques. Les registres des naissances des villages où nous sommes présents montrent que 98 % des petites filles n’avaient pas subi d’excision en 2015. El Karamat travaille aussi à favoriser l’accès à la scolarisation des filles, qui est freiné par les travaux domestiques. Elles pilent les graines avec des mortiers sous la supervision des mères qui refusent souvent de les envoyer à l’école car elles ont besoin d’elles à la maison. Nous avons alors eu l’idée d’installer des moulins et de dispenser des formations en meunerie en février 2015. Cela a permis de soulager les femmes et d’encourager la scolarisation des filles, de leur ouvrir les portes du monde du travail, pour qu’elles soient aussi pleinement actrices dans le développement social et économique de leur pays.

Propos recueillis par Fabienne Chiche

https://www.secourspopulaire.fr/en-mauritanie-le-combat-contre-les-violences-faites-aux-femmes

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