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Festival des musiques sacrées du monde - Périple artistique entre le Liban et la Mauritanie

mercredi 12 juin 2013


● La découverte des musiques du monde continue dans le cadre de la première édition du Festival de Fès des musiques sacrées.
● Que ce soit avec la Libanaise Abir Nehme et ses chants araméens et syriaques ou la Mauritanienne Coumbane Mint Ely Warakane et son art des griots, c’est un voyage dans des univers lointains que le public a eu l’occasion de vivre.

Dans son esprit d’ouverture sur les différentes cultures et langues du monde, le Festival de Fès des musiques sacrées du monde a proposé au public présent en nombre, le 10 juin au Musée Batha, de découvrir les chants araméens, syriaques et byzantins avec la chanteuse libanaise Abir Nehme. Musicologue avertie qui connaît bien les subtilités des musiques sacrées et du tarab libanais, Abir Nehme incarne l’émotion antique des chants syriaques et de la langue araméenne qui est considérée comme une langue en voie de disparition. Portée par une foi personnelle et une passion de la spiritualité, Abir Nehme tente de faire revivre, à travers le chant, cette langue qui prend ses origines dans l’Antiquité. En effet, l’araméen qui était la langue parlée par Jésus-Christ a fini par être majoritaire parmi les juifs en Palestine et ailleurs dans le Moyen-Orient autour de 200 apr. J.-C. et jusqu’à la conquête arabe au 7e siècle.

Avec sa voix angélique qui pousse les esprits à errer au-delà des pensées quotidiennes, Abir Nehme a magistralement interprété en araméen et en arabe, des morceaux qui louent le Christ, la Vierge Marie et l’amour divin. Il s’agit entre autres de « Halleluia », « Ya Maryam », ou encore, « Halel, Halel », des titres qu’elle a puisés dans un répertoire marqué par la diversité chrétienne, orientale et arabe.
Animée par la mémoire extrêmement vive d’un Proche-Orient biblique, elle conjugue à travers son chant passé et présent et puise dans une liturgie sacrée et contemplative. Portant en elle l’héritage vocal grégorien et orthodoxe, elle est aussi constamment en quête de découvrir la richesse des traditions du monde tout en restant profondément attachée à sa tradition.

Représentant la tolérance entre les religions et une ouverture moderne tournée vers des idées de grandeur et de majesté universelles, Abir Nehme a conclu sa remarquable rencontre avec le public du Festival de Fès avec « Al’Taryak’Ito », un chant traditionnel syriaque extrait du livre des offices religieux « Shimo ». Avant Abir Nehme, le public du Festival de Fès des musiques sacrées du monde a été subjugué par la prestation d’une autre figure féminine, la Mauritanienne Coumbane Mint Ely Warakane qui s’est produite le dimanche 9 juin au musée Batha.

Digne héritière des grands maîtres de l’art des griots mauritaniens, Coumbane Mint Ely Warakane a fait vivre aux spectateurs du Festival de Fès, une expérience acoustique unique, à la découverte de l’art des griots mauritaniens, cet art singulier et représentatif d’une Mauritanie qui reste le lien entre l’Afrique blanche et celle noire.

À la fois savant et classique, l’art des griots mauritaniens est l’expression de la culture hassanide. Comme toute poésie traditionnelle, il est également le fruit d’une révélation et l’extraordinaire point de convergence entre l’univers arabo-berbère et l’univers noir de l’Afrique de l’Ouest. Avec sa douceur charismatique et sa voix brute et passionnée, qui devient hallucinée lorsqu’elle s’entremêle avec des claquements de mains frénétiques, Coumbane Mint Ely Warakane, a loué les anciens dignitaires des tribus, évoquant les guerriers et les campements d’autrefois.

Chantant les poésies populaires en hassâniyya (arabe dialectal), et les poèmes classiques comme les vieilles « qasîdas », sorte d’épopées en arabe classique, Coumbane Mint Ely Warakane a réussi à enchanter l’assistance avec une prestation magique dont elle seule détient le secret.
La pureté de l’eau chantée par Aicha Redouane

Le voyage artistique du Festival de Fès des musiques sacrées du monde s’est poursuivi le mardi 11 juin avec la chanteuse marocaine Aicha Redouane, qui a présenté au public un projet artistique intitulé « Aman, les eaux ». Passionnée de la musique arabe et du tarab, Aicha Redouane retourne à ses racines amazighes à travers ce projet qui représente selon elle un hommage à ses grands-parents qui lui ont donné leur amour et lui ont appris, avec sagesse, le respect de la vie. De la vigueur de la montagne au doux murmure du ruisseau, Aicha Redouane a enchanté le public de Fès avec le timbre aiguisé de sa voix, frêle et dramatique. Habitée par l’immensité montagneuse de l’Atlas et la fierté des déclamations poétiques chantées par les femmes fières amazighes, elle a chanté avec grâce et douceur, la pureté de l’eau et de son origine.

Source : LeMatin (Maroc)