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Gambie : l’ex-président Jammeh pourrait partir en exil en Guinée
dimanche 22 janvier 2017
L’ex-président gambien Yahya Jammeh, qui a accepté dans la nuit, sous la pression internationale et la menace d’une intervention militaire, de céder le pouvoir à son successeur Adama Barrow, se trouvait toujours à Banjul samedi soir, mais devrait partir pour la Guinée.
Un avion mauritanien présenté par diverses sources comme celui devant transporter hors de Gambie M. Jammeh, était visible depuis l’après-midi sur le tarmac de l’aéroport international de Banjul, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Conakry n’est cependant qu’une destination temporaire sur la route de l’exil de M. Jammeh, selon plusieurs sources officielles en Gambie, en Mauritanie et en Guinée.
"Yahya Jammeh préfère dans un premier temps venir s’installer en Guinée, rester un moment à Conakry avant que, avec les autorités guinéennes, il ne décide lui-même où il va aller s’installer définitivement", a déclaré à l’AFP le secrétaire général de la présidence guinéenne, le ministre d’Etat Kiridi Bangoura.
Depuis vendredi, des sources politiques diverses avaient évoqué des offres d’asile en Guinée, au Maroc, en Mauritanie et en Guinée équatoriale.
Samedi matin, une source diplomatique mauritanienne avait affirmé à l’AFP que Yahya Jammeh quitterait la Gambie dans la journée. "Il ira fort probablement en Guinée équatoriale" tandis que Adama Barrow devrait rentrer dans son pays samedi soir, a-t-elle dit.
Une source proche de la Cédéao a de son côté assuré que M. Jammeh partirait pour Conakry "où deux villas ont été aménagées pour lui".
Son départ de Gambie a été obtenu à l’issue d’une médiation conduite par les présidents mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et guinéen Alpha Condé, mandatés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao, 15 pays dont la Guinée mais pas la Mauritanie).
L’accord conclu "prévoit le départ de Yahya Jammeh de Gambie pour un pays africain avec toutes les garanties pour sa famille, ses proches et lui-même. Il peut retourner dans son pays quand il veut et comme il veut", a expliqué M. Ould Abdel Aziz, cité par l’Agence mauritanienne d’information (AMI, officielle). Pour lui, c’est "une victoire de ceux qui militent en faveur d’une solution pacifique".
Les termes complets de l’accord demeuraient inconnus jusqu’à samedi en fin de journée.
– "Qu’il parte" -
Yahya Jammeh, 51 ans, a annoncé sa décision de quitter le pouvoir à la télévision dans la nuit de vendredi à samedi. "J’ai décidé aujourd’hui en conscience de quitter la direction de cette grande nation, avec une infinie gratitude envers tous les Gambiens", a-t-il déclaré.
La crise en Gambie a éclaté le 9 décembre, lorsque Yahya Jammeh a refusé de reconnaître les résultats de l’élection présidentielle du 1er décembre, dont Adama Barrow a été déclaré vainqueur. Pourtant, une semaine auparavant, il avait félicité M. Barrow pour sa victoire.
De multiples initiatives ont ensuite été prises pour le faire changer d’avis, notamment par la Cédéao, sans succès jusqu’à la médiation de vendredi.
La Cédéao a fait entrer jeudi après-midi des troupes de plusieurs de ses pays en territoire gambien. L’opération a été lancée peu après la prestation de serment d’Adama Barrow à l’ambassade gambienne à Dakar, où il est accueilli depuis le 15 janvier à la demande de la Cédéao.
L’intervention militaire a été ensuite suspendue pour donner des chances à la nouvelle médiation, qui a été abouti à l’abdication de M. Jammeh. Les troupes "vont rester (sur leurs positions) pour sécuriser le processus", a indiqué samedi à l’AFP une source proche de la Cédéao.
Le président mauritanien est retourné à Nouakchott dans la nuit de vendredi à samedi, tandis que son homologue guinéen a passé la nuit à Banjul, où il demeurait jusqu’à samedi en fin de journée selon des sources diplomatiques.
A Banjul, l’annonce de l’abdication de Yahya Jammeh a été saluée par de nombreux habitants, tandis que d’autres exprimaient une joie mesurée, soulignant qu’il est coutumier de revirements.
D’autres s’impatientaient de le voir partir au plus vite de ce pays anglophone de moins de deux millions d’habitants qu’il a dirigé plus de 22 ans d’une main de fer.
Sur la route de l’aéroport, un soldat à un poste de contrôle sourit en évoquant la nouvelle. "On attend simplement qu’il parte, la vie d’un homme ne vaut pas celle d’un million de gens", lâche-t-il.
Par crainte que la crise ne dégénère, plus de 45.000 personnes ont fui la Gambie depuis le début de l’année, en majorité vers le Sénégal, selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés.
AFP