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La BM finance la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal
samedi 7 décembre 2013
Le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé ce 5 décembre 2013 un financement de 228,5 millions de dollars en faveur d’une nouvelle initiative destinée à améliorer la gestion des ressources en eau dans le bassin du Fleuve Sénégal et à stimuler les perspectives de développement de la Guinée, du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal.
Plus de 4,5 millions de gens vivant le long du Fleuve Sénégal devraient bénéficier directement de ce projet à l’échelle de plusieurs pays. Les pays concernés figurent parmi les plus pauvres de la planète, avec 42 % à 53 % de leurs populations vivant au-dessous du seuil de pauvreté, pour l’essentiel des paysans pratiquant une agriculture vivrière et de petits exploitants. Selon les estimations, le taux de croissance démographique annuelle se situe à 2,7% et la population devrait doubler tous les 25 ans.
Au cours d’une visite historique dans la région du Sahel entreprise le mois de novembre dernier par des chefs de file du développement, dont le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, Jim Yong Kim, le Président du Groupe de la Banque mondiale, a annoncé de nouvelles aides financières, à hauteur de 1,5 milliard de dollars. Ces investissements serviront à soutenir des priorités clés du développement régional, telles que les filets de protection sociale qui aideront les familles à affronter les effets les plus pervers de la précarité économique et des catastrophes naturelles, l’amélioration des infrastructures et la création de débouchés en zone rurale au moyen d’investissements dans le secteur hydroélectrique et dans de nouvelles sources d’énergie propre qui contribueront au développement massif de l’irrigation et à la transformation de l’agriculture. Ce projet est le premier qui sera réalisé au titre de cette nouvelle initiative.
Le projet est financé par l’Association internationale de développement (IDA), le Fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres.
Selon Makhtar Diop, Vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique, « réduire l’impact dévastateur des sécheresses conduira à une amélioration spectaculaire des moyens de subsistance de millions de petits agriculteurs et éleveurs et des communautés de l’ensemble du Sahel, tout en contribuant à stimuler la paix et le développement dans l’ensemble de la région ». Il poursuit : « si l’on veut aider les gens du Sahel à mieux résister au changement climatique, la toute première chose à faire est de lutter contre la sécheresse ».
Le bassin du Sénégal, qui couvre 300 000 km², a un fort potentiel hydroélectrique et d’irrigation qui pourrait améliorer considérablement la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau et fournir une énergie renouvelable et peu coûteuse. Ce projet vise à augmenter les disponibilités en eau pour l’agriculture et la production alimentaire, renforcer la gestion de l’aquaculture et de la pêche, promouvoir l’hydroélectricité en se fondant sur des études de faisabilité, faire reculer le paludisme et les autres maladies tropicales négligées qui frappent des millions de gens, et mettre en œuvre des démarches pilotes novatrices d’adaptation au changement climatique.
Le Directeur des stratégies, des opérations et de l’intégration régionale pour la région Afrique de la Banque mondiale assure : « tout en veillant à satisfaire les besoins énergétiques et alimentaires des populations du bassin du Sénégal, nous devons aussi aider les familles à prévenir et traiter le paludisme ainsi que les autres maladies transfrontalières liées à l’eau qui affectent la santé des populations locales et leur capacité à travailler ». Colin Bruce de préciser, par ailleurs : « c’est pourquoi ce projet vise à combler des déficits clés en matière de santé, ressources en eau, électricité, alimentation et pêche en privilégiant un renforcement de la coopération et de la coordination régionale ».
Selon les estimations, le taux de prévalence du paludisme dans le bassin du Sénégal est de 14,3 % chez les enfants de moins de cinq ans, et de 9 % chez les femmes enceintes (soit les deux groupes les plus vulnérables).
La cartographie épidémiologique montre que les maladies tropicales négligées, comme la schistosomiase, les helminthiases et géohelminthiases transmises par les sols, le trachome, la filariose lymphatique et l’onchocercose, sont présentes dans la quasi-totalité du bassin fluvial. Des études ont révélé que des mesures intégrées de lutte contre les maladies doivent impérativement être mises en place, en parallèle avec une gestion saine des ressources en eau, afin d’atténuer l’impact du paludisme et des maladies tropicales négligées dans les endroits situés à proximité des sites d’irrigation et des barrages.
Les financements approuvés ce jour comprennent un don de 16 millions de dollars du Fonds pour l’environnement mondial et du Fonds pour les pays les moins avancés, qui vise à renforcer les capacités de l’Organisation pour la mise en valeur du Fleuve Sénégal (OMVS), fondée en 1972, dans le but d’atténuer la précarité des moyens de subsistance des populations riveraines au moyen de mesures coordonnées de mise en valeur des ressources hydriques et énergétiques. L’OMVS est conjointement dirigée par la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.
Pour Shelley Mc Millan, spécialiste des ressources en eau à la Banque mondiale et chef d’équipe du projet Fleuve Sénégal : « Le projet Fleuve Sénégal démontrera l’importance de l’intégration et de la collaboration régionale au sein d’un groupe stratégique de pays confrontés à des pénuries énergétiques et alimentaires croissantes et à une augmentation de la demande, qui affectent de plus en plus leur performance économique ». Il a ajouté : « nous nous réjouissons de travailler en étroite collaboration avec les pays riverains et d’autres grands organismes de développement pour aider à transformer des vies dans la région ».
Source : Banque mondiale