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La Mauritanie va adopter un plan pour éradiquer l’esclavage

jeudi 27 février 2014


L’esclavage dit moderne est courant dans ce pays africain, selon des ONG, bien qu’il soit officiellement interdit depuis 1981.

La Mauritanie va adopter en mars d’une « feuille de route » pour faire disparaître l’esclavage, a annoncé jeudi à Nouakchott la rapporteuse spéciale de l’ONU sur les formes contemporaines de l’esclavage, Gulnara Shahinian, au terme d’une visite dans le pays.

Le gouvernement mauritanien « adoptera le 6 mars une feuille de route relative à l’éradication de toutes les formes de l’esclavage », pratique encore courante en Mauritanie selon des ONG, a déclaré lors d’une conférence de presse Gulnara Shahinian, arrivée le 24 février en Mauritanie afin d’évaluer les développements dans le domaine depuis sa première mission en 2009. Ce plan « a été développé en collaboration avec le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme » suite à la visite de 2009, a-t-elle indiqué.

L’adoption et la mise en oeuvre de cette feuille de route permettra de développer « un certain nombre de projets économiques qui seront d’un grand apport pour les populations ciblées », a-t-elle affirmé. Durant son séjour, Gulnara Shahinian a rencontré le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, son Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, ainsi que des organisations de défense des droits de l’Homme et des syndicats. Elle a affirmé avoir obtenu du gouvernement l’engagement de désigner des avocats pour défendre la cause des esclaves devant les tribunaux.
Dénoncer les esclavagistes

En Mauritanie, les ONG anti-esclavagistes sont très actives et la loi leur accorde le droit de dénoncer les esclavagistes et d’accompagner les victimes au tribunal. Mais elles n’ont pas le droit de se constituer partie civile dans les procès, selon la rapporteuse de l’ONU. « Les ONG ne peuvent pas jouer ce rôle », a-t-elle dit. Elle a toutefois estimé que le gouvernement « a fait des pas importants sur la voie de l’éradication de l’esclavage », et salué « la volonté politique affichée par les autorités, notamment à travers les lois qui ont été adoptées ».

L’esclavage est officiellement interdit depuis 1981 en Mauritanie, et depuis une réforme de la Constitution en 2012, sa pratique y est considérée comme un crime. Depuis 2007, les personnes reconnues coupables d’esclavagisme encourent des peines pouvant aller jusqu’à dix ans de prison. Mais le phénomène perdure néanmoins dans le pays.

Fin décembre, la Mauritanie a annoncé la création d’un tribunal spécial chargé de juger les crimes d’esclavage, qui relevaient jusqu’alors des tribunaux ordinaires. Neuf mois auparavant, elle avait mis en place une agence nationale chargée de financer des micro-projets en faveur des anciens esclaves.

AFP