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La société civile s’attaque à la corruption en Mauritanie

vendredi 14 juin 2013


Les organisations mauritaniennes issues de la société civile oeuvrent de concert pour réduire la corruption.

Les représentants de divers groupes se sont réunis le 4 juin à Nouakchott pour évoquer les causes de la corruption et l’étendue de son impact sur le développement et sur le chômage.

La société civile peut jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre la corruption et dans la sensibilisation de l’opinion publique aux dangers qu’elle induit, a déclaré Sidinia Ould Khatry, président du Réseau de Travail Social mauritanien.

La corruption est l’un des plus gros problèmes que le monde doit affronter aujourd’hui, a expliqué Khatry, dont le groupe a organisé cet évènement en partenariat avec le Centre mauritanien de Recherche sur le Développement et le Futur.

Il a appelé à préparer une stratégie intégrée en Mauritanie pour combattre la corruption sur la base de l’intégrité, de la transparence et de la responsabilité avec la participation de toutes les organisations, des politiciens et des parlementaires.

"Nous, dans la société civile, nous réalisons que nous n’avons pas les mécanismes nécessaires pour tenir pour responsables ceux qui sont impliqués dans la corruption, et que notre rôle est réduit à la sensibilisation, à la mobilisation et aux plaidoyers", a-t-il indiqué à Magharebia.

"Nous avons envoyé plusieurs messages à l’Inspection Générale en réclamant la publication de rapports sur la corruption."

"Nous espérons également que les comités concernés par la lutte contre la corruption seront activés au sein du Parlement, mais sans politisation ni tensions politiques", a-t-il ajouté.

Pour sa part, le chercheur Mohamed al-Salek Ould Ibrahim, directeur du Centre mauritanien de Recherche sur le Développement et le Futur, a soumis à l’auditoire une présentation détaillée portant sur le phénomène de la corruption et sur ses conséquences aux niveaux économique, social et politique.

Selon ce chercheur, la corruption "entrave largement les efforts des pays ainsi que le travail de coopération international livré dans la lutte contre la pauvreté et dans la réalisation d’un développement équilibré."

"Plus important encore, elle mène à l’intolérance et à l’extrémisme, à la propagation du crime, à la perpétuation des disparités sociales, à l’acceptation psychologique de l’idée de performance compromise dans les devoirs inhérents à l’emploi, à la baisse de l’intérêt témoigné à l’égard des droits publics, au sentiment d’injustice au sein de la majorité des citoyens, au sentiment de déception, à la propagation de l’indifférence et de la passivité parmi les membres de la société", a déclaré Ould Ibrahim.

Il a mis en garde contre les conséquences négatives de la corruption sur la stabilité politique, affirmant que le chômage et une gouvernance médiocre compromettent l’autorité de l’état.

Environ 300 milliards de dollars disparaissent chaque année en raison dans la corruption dans le monde arabe, a indiqué le chercheur, citant des rapports de la Banque Mondiale.

Pour sa part, l’indice de la corruption mondiale de Transparency International a souligné que la moitié des fonds alloués aux services de santé dans les pays en développement n’atteignent jamais leurs bénéficiaires. La corruption augmente également le coût de l’accès à l’eau potable d’environ 30 % partout dans le monde.

"Des législations appropriées doivent être adoptées pour combattre la corruption, des mécanismes créatifs, aux niveaux politique, économique, administratif et légal doivent être établis pour contenir ce fléau, il faut organiser une sensibilisation religieuse, morale et nationale, et la contribution apportée à la société civile dans le combat contre la corruption doit être encouragée", a expliqué Ould Ibrahim à Magharebia.

D’autres participants au séminaire ont affirmé qu’une mentalité sociale, capable d’appréhender les dangers représentés par la corruption, doit être développée.

"Nous apprécions le rôle du gouvernement mauritanien quand il demande des comptes à des individus responsables de corruption", a dit Mohamed Ould Znqgi, secrétaire-général du Réseau de Travail Social. "Mais nous croyons que la sanction seulement n’est pas suffisante et qu’elle doit être accompagnée de mesures institutionnelles à tous les niveaux, comme une sensibilisation de la société civile aux dangers liés à la corruption et qui planent sur l’avenir du pays."

Source : Magharebia