Accueil > Actualités > A la Une > Le souk des Fatwas délirantes plus florissant que jamais dans le monde arabe
Le souk des Fatwas délirantes plus florissant que jamais dans le monde arabe
vendredi 8 août 2014
Cet article de notre confrère Huffington Post Algérie fait le point sur e qui est devenu la risée du monde entier : les décrets religieux aussi incroyables les uns que les autres prétendant régir non seulement les plus petits détails de la vie privée mais aussi... la vie politique.
"Voir secrètement le corps nu de la femme que l’on veut épouser est licite". La fatwa émise par un imam égyptien salafiste Oussama Al-Kossi remonte à loin mais la vidéo vient d’être postée sur YouTube et elle fait fureur.
Al-Kossi expliquait que pour peu que "l’intention" ou "al-niya" d’épouser la femme existe, cela autorise à essayer de chercher à voir secrètement son corps nu, pendant son bain par exemple.
"Si tu es sincère et que tu veux l’épouser et que tu as su te cacher pour voir ce qu’elle ne veut pas te montrer, c’est licite. Un compagnon du prophète l’a fait", dit-il dans la vidéo, " et a affirmé que le messager l’a autorisé".
La seule chose sur laquelle l’imam insistait est l’intention. "Tu ne vas pas te mettre à espionner toutes les femmes pour en choisir une, non, non".
Venant d’un membre du courant salafiste qui prône le hijab intégral, la fatwa suscite des commentaires véhéments sur "l’ignorance" crasse de l’imam qui justifie "le harcèlement sexuel".
Parfois, les commentaires sont délicieux comme celui d’une jeune femme qui écrit, pince sans rire : "Mais Messieurs, vous l’avez mal compris, il parle des intentions sincères ! Et vous savez tous que les intentions des hommes sont toujours très sincères".
Les Frères musulmans accusés de ternir l’image des salafistes
L’imam a affirmé qu’il avait déjà renié sa "fatwa des femmes dans leur bain" et donne une tournure politique à l’affaire. Dans une déclaration à la chaîne CBC, mercredi, il a accusé des membres de l’organisation des Frères Musulmans et les "groupes terroristes et extrémistes" d’avoir rediffusé la vidéo pour nuire à son image.
Al-Kossi dit avoir renoncé "a beaucoup d’idées extrémistes acquises à la lecture des livres de Sayyed Kotb au point d’en arriver à considérer mon père et ma mère comme des non-musulmans".
"Je ne suis pas le prophète et comme tous les hommes de savoir, on prend de ce que je dis comme on en rejette".
Il a expliqué qu’il était loin des lumières depuis huit mois et que dernièrement il a repris son activité dans "la lutte contre le terrorisme et les gangs extrémistes et terroristes".
C’est ce qui expliquerait qu’ils aient voulu lui donner un "coup fatal comme ils l’ont fait après la révolution du 25 janvier quand ils ont publié des déclarations où je faisais l’éloge du président Hosni Moubarak".
Les salafistes en Egypte ont soutenu le coup d’Etat contre le président Mohamed Morsi. La stratégie de "politisation" déployée par l’imam pour contre ce qu’il appelle une campagne des "Frères" et des terroristes, lui a valu l’appui de la journaliste et écrivain, Fatima Naout, aux écrits dithyrambique sur le maréchal Sissi.
Elle affirme connaitre Cheikh Oussma Al-Kossi qui est un "homme ouvert" et qu’elle a été rassurée de découvrir qu’il s’agissait d’une erreur du passé "quand le cheikh était empêtré dans le takfir, l’obscurantisme et le gel de l’esprit....".
Mais, elle ne résiste pas à lui demander, même s’il a renoncé à la fatwa, si celle-ci s’appuie sur des fondements liées à la conduite des compagnons du prophète. Car, ajoute-t-il, "le cheikh ne parle pas en l’air" !
Une longue histoire de fetwas sexuelles
Des fatwas sexuelles plutôt étranges venant des salafistes ne manquent pas.
En 2007, un cheikh en charge de la section des hadiths à al Azhar avait fait grand bruit avec une fatwa sur "l’allaitement de l’adulte".
La Fatwa prétendait résoudre le "problème" de l’isolement entre un homme et une femme dans un lieu du travail, la "tradition" laissant entendre le diable est le troisième étant toujours là pour inciter au "mal".
Selon le docteur, il suffirait que la femme donne le sein trois fois à son collègue pour qu’il devienne semblable à son fils et rend sans conséquence le fait de s’isoler avec lui.
Al-Azhar a suspendu l’auteur de la Fatwa mais celle-ci a continué son "chemin" car un conseiller au ministère de la justice saoudien, cheikh Abdelhamid Al-Kaibane l’a approuvée.
Des opposants saoudiens ont affirmé que le chauffeur d’al-Kaibane avait plaisanté avec lui en lui demandant de lui permettre de téter son épouse. Le cheikh saoudien n’aurait guère apprécié l’humour et l’aurait frappé.
Une autre fatwa émanant des cheikhs saoudiens Othmane El-Khamos et Saad El Ghamidi interdit aux femmes de s’approcher des ordinateurs et de se connecter à Internet "sans la présence d’un mâle de la famille qui connait "l’immoralité de la femme et sa ruse".
Des fatwas folles... qui finissent par donner un califat délirant entre la Syrie et l’Irak.
Source : MaghrebEmergent