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Lettre ouverte à Mohammed Ould Abdel Aziz, président (Horejo en Pulaar) de la République islamique de Mauritanie (Par ​Adama Ngaide)

mercredi 27 septembre 2017


Par : Adama Ngaide

Je commence ma lettre en paraphrasant un theologien francais. M. le Rais (Horejo en Pulaar), je prends l’engagement de commettre la lettre que voici. Je ne l’écris ni par mépris, ni par rancœur encore moins pour des ambitions bassement mondaines comme le feraient les nombreux caméléons qui peuplent le landerneau politique de l’interieur et de la diaspora mauritanienne aux USA. Au contraire, c’est par amour que je nourris pour mon pays. Je ne le fais non plus par envie mais par devoir du père soucieux de la vie que meneraient ses filles et fils dans cette belle Mauritanie. Je le fais aussi par devoir citoyen pour que mes concitoyens puissent vivre une future Mauritanie où africains et arabes, dignes fils et patriotes sincères, se respectent et s’epanouissent.

Je n’ai pas besoin de poste, je ne veux ni être nommé encore moins me faire voir comme le ferait le cameleon ou le militant alimentaire. Absolument loin de moi cette inclination et ce souci de carriere sociale. M. le président je veux faire valoir mon devoir de citoyen. Je suis déjà aligné et je milite dans l’opposition, celle qui se veut radicale et non pas celle qui triche. Je suis de l’opposition qui exige une refonte politique profonde de nos institutions. Je suis de cette opposition courageuse, qui a décidé de souffrir, d’etre stigmatisee, de bon cœur, pour faire connaitre, avec exigence et verite, modestie et courage, les vérités et les problématiques fondamentales qui assaillent mon pays pour notre salut national. Le salut de la Mauritanie est aussi le Vôtre.

Avec toute la puissance liée a la fonction présidentielle que vous detenez, je vous rassure que vous ne me donnerez aucun bien ni service autres que celui de gérer le pays pour lui éviter toute déconfiture. Le seul service ou bien que vous me rendrez, est celui de vous voir RENONCER au RACISME D’ETAT que plusieurs actes gouvernementaux montrent avec une eloquence sans egale.

Pour eviter la déconfiture, la verité et rien que la vérite devrait sous-tendre votre mission présidentielle. C’est la trahir, cette vérite que de ne pas vous la montrer dans toute son étendue. Allah est témoin que la personne qui vous parle, le fait avec un cœur plein de respect, d’attendrissement pour l’intérêt de la Mauritanie et des Mauritaniens arabes et africains.

Depuis 7 ans, que vous êtes à la tête de la Mauritanie, on vous attribue des réalisations et des projets qui ont pour noms : Ecole militaire, routes goudronnées, hôpitaux, projets d’adduction d’eau, etc. Mais depuis 7 ans, vous avez pris des décisions qui ont impacté sur la vie de tous les Mauritaniens. Et depuis 7 ans, sur le plan politique, la situation de la Mauritanie, fief des Bafours (peuple négroïde), a empiré.

Les arabes contrôlent l’entièreté du pays : Le pouvoir décisionnel politique est dans leurs mains. La Police, la Gendarmerie, la Garde Nationale, l’Armée et l’économie. L’Administration intérieure et diplomatique, le système éducatif, le gouvernement, toutes les institutions financières, la SNIM ainsi que la quasi-totalité des établissements publics, révèlent éloquemment que le pouvoir décisionnel a fini par être capté par la minorité arabe au moment où les noirs, toutes tendances confondues (Bambaras, Wolofs, Soninkés, Harratines et Peulhs) sont sous les ordres de la présidence ou sous les ordres des forces sociales arabes, qui dictent la politique et la voie à suivre.

Les noirs qui vous soutiennent sont quant à eux, accrochés à un seul agenda : Vous servir et par ricochet, servir le pouvoir arabe et en retour, se servir des ressources publiques pour bâtir des maisons, épargner de l’argent, investir dans le cheptel et fermer les yeux sur l’hypothèque qui pèse sur l’ensemble du pays et sur les noirs, de façon exceptionnelle.

UN PEU D’HISTOIRE

Déjà, en 1960, Feu Mokhtar Oud Daddah, de la tribu des Oulaad E Berii, prenait les rênes du pouvoir. Et après 18 ans de règne, Il sera évincé par des militaires en 1975. Feu Moustapha Ould Mohamed Saleck, de la tribu Jaavra, prendra le pouvoir. Et depuis, se sont succédé à la tête de la Mauritanie, des présidents de la minorité arabe. Ould Louly de la tribu des Idawali, Ould Bouceif de la tribu des Charatite, Ould Haidallah des Ouroussiyiine (qui fût le meilleur président que la Mauritanie ait jamais connu), Ould Taya de la tribu des Smassides (qui fût l’un des pires présidents de la planète), avec à son actif plus 500 exécutions extrajudiciaires de noirs, Feu Ely Ould Mohamed Vall, de la tribu des Oulaad Bousbaa qui fût pendant 21 ans, le directeur de la sûreté Nationale, Sidi Ould Cheikh Abdallahi de la tribu des Djeijouba et enfin vous-mêmes, qui êtes membre de la tribu des Oulaad Bousbaa avec à votre actif, 10 ans de loyauté comme Directeur du BASEP (Organe redoutable et redouté de sécurité dont on dit qu’il avait plus de moyens que l’état-major national).

Après 57 ans de souveraineté mais aussi d’hégémonie des arabes, M. le président pourrait-on enfin dresser un bilan des actions menées par les différents présidents arabes ? S’il est vrai qu’un bilan ne peut se limiter à vous faire porter les insuccès de vos prédécesseurs, il est aussi vrai qu’un bilan en 2014, serait d’assumer d’abord un héritage multidimensionnel (Politique, économique, culturel, social, humain, juridique, éducatif…..) mais aussi d’expliquer et de convaincre sur la vision que vous avez pour sortir la Mauritanie de ses hypothèques.

Ainsi le fonctionnement politique de l’Etat détruit l’espoir d’hommes et de femmes qui veulent que notre pays s’engage irréductiblement sur le chemin du développement. En effet, et depuis notre accession à la souveraineté internationale, la nomenklatura politique qui gère le pays a toujours été majoritairement arabe, ne laissant qu’une portion congrue à la composante noire majoritaire (Harratine, Peulhs, Soninkés, Bambaras et Wolofs).

Cette culture organisationnelle propre à la Mauritanie a sévi et a été celle de tous les prédécesseurs à l’exception peut-être, d’un seul président iconoclaste, que fût Mohamed Khouna Ould Haidalla. Les nominations sélectives, orientées et majoritairement arabes, expriment éloquemment les inégalités, les injustices institutionnalisées infligées à la majorité noire.

Depuis 7 ans, le gouvernement que vous dirigez, perpétue, grandeur nature, cette culture organisationnelle de l’Etat. Même si, par principe, je suis favorable et attaché aux valeurs liées au mérite, à la compétence et à l’intégrité, je ne puis m’empêcher de constater, et avec moi la majorité des Mauritaniens justes et honnêtes, que les statistiques sont effrayantes quant à la domination arabe au sein de l’appareil d’Etat. Ce qui est navrant ,est l’entêtement de l’élite arabe dirigeante à ne faire figurer dans la nomenklatura que des cadres noirs acquis à la cause politique du parti au pouvoir et engagés à saboter et saborder les légitimes initiatives de libération des noirs de l’hégémonie arabe qui n’a que trop durer.

Cette vérité politique participe à saborder et saboter les droits fondamentaux et les libertés à choisir son camp politique. Ainsi, à la veille de toute joute électorale, on participe à des achats de consciences et à des menaces proférées par l’Etat et ses démembrements via les compradores omniprésents, recyclés, interchangeables et insatiables vivant à nos frais et changeant de postures, d’alliances au gré des présidents arabes. Ces « militants » caméléon, qui ne sont utiles qu’à eux-mêmes, absents là où les Mauritaniens les attendent mais présents là où vous pouvez les voir, les remarquer, les entendre, à la sueur de leurs mâchoires et de leurs torses, et escalades verbales, sont tous acquis à la cause de l’UPR.

Le personnage le plus commun est celui de ses innombrables transhumants dont la fidélité, si elle est réelle, ne durera que le temps de votre présence à la présidence. Cette pratique politique du caméléon, M. le président, nous apparait comme la meilleure stratégie de tuer la démocratie et d’étouffer les droits élémentaires des Mauritaniens à pratiquer la politique de leur choix. Ainsi, votre gouvernement et ceux qui l’ont précédé, via ce dosage, renvoie le noir mauritanien à sa condition de serviteur du système arabe rappelant les razzias arabes qui le pourchassaient. N’est-ce pas là la meilleure manière de stigmatiser officiellement le noir, parce que transmettant et révélant au monde ce sentiment de supériorité de la minorité arabe ?

De surcroït, même les noirs en transit ou vivant parmi nous, subissent par ricochet le mépris de la Douane, de la police, de la gendarmerie en ville et aux frontières de la Mauritanie. Cette image hideuse des pratiques de l’Etat a été renforcées par la manière approximative par laquelle vous avez géré le dossier des exécutions extrajudiciaires infligées aux noirs sous le règne de Moawiya Ould Sidi Ahmed Taya. Moawiya. En effet, plus de 500 mauritaniens, tous noirs et majoritairement peulh, ont été exécutés, enfouies et abandonnés dans des fosses communes à Inal, Jreida, Boghe, Sori Male, Ould Yenge, Wothie, Bakaw, Azlat, Aleg, Bir Moghrein, Nouadhibou……laissant derrière elles des parents, des enfants désespérés et humiliés. Je fais l’économie sur les tueries infligées via des empoisonnements à certains notables et cadres accusés d’etre publiquement favorables aux noirs mauritaniens.

M. le président, les dictatures, les guerres injustes, les coups d’Etat ou plus exactement les « mises en scène » (comme celle du 5 août 2005 en Mauritanie), les transitions unidirectionnelles (celle de Ely et ses agents de renseignements incrustés au sein de l’opposition mais aussi au-delà des frontières), les démocraties taillées aux ambitions des hégémonies injustes, le racisme comme celui qui sévit en Mauritanie, l’Esclavage et la féodalité sont des problématiques qui préoccupent peu votre gouvernement.

Or, la Mauritanie que vous avez l’honneur de diriger, est obligée de participer à la stabilité du monde, au maintien de la paix et bien sûr à la préservation de la dignité des Hommes et à tout prix. N’est-ce pas une aberration de vouloir investir ou participer à l’épanouissement de notre économie alors que des instabilités chroniques secouent la Mauritanie et la sous-région ? Nulle part dans le monde et dans l’histoire de l’humanité, des peuples ne se sont portés au pinacle sans sacrifices et sans un effort courageux d’écoute et de respect des opinions discordantes ?

M. le président, tous les peuples et nations qui se sont développés, ont accepté d’opérer des sacrifices énormes et profonds afin de satisfaire l’idéal qu’ils se sont forgés. Tous les peuples courageux ont accepté, à des moments décisifs de leurs trajectoires existentielles, d’opérer des changements radicaux pour juguler les hypothèques qui pesaient lourdement sur leur avenir. Justement, en Mauritanie, peut-on réellement parler de ruptures et de changement au moment où les fondements structurels des injustices sont ignorés et banalisés au détriment des générations futures et du peuple multinational ?

En dehors des interminables prêches servis à l’assemblée et à la présidence et/ou en période campagne ou de prestation de serment, rien n’a été fait au plan structurel pour opérer les changements aptes à assurer une cohabitation salubre entre arabes et noirs mauritaniens.

Votre gouvernement et l’Etat que vous incarnez sont comme sommés de rallier et de gober sans commune mesure, des pratiques et mécanismes qui amplifient de façon inadmissible le fossé entre arabes et noirs. La politique politicienne, la tricherie sont devenues la voie de salut empruntée par le système en place dans lequel vos collaborateurs, pour arpenter les arcanes du pouvoir, ont compris que la politique est un gagne-pain, une voie avec ses moult sinécures, une passerelle pour, enfin, embellir toute carrière professionnelle.

Vos collaborateurs dont certains sont formés dans de grandes écoles, ont une inclination maladive pour la survie, toute chose, qui a fini de sonner le glas de tout recul et de toute réflexion sur les exigences fondamentales pour une Mauritanie de paix. C’est cette politique du ventre largement pathologique qui s’est emparée de la diaspora à la veille de votre arrivée aux USA, avec la création d’une association prétendument représentant les Mauritaniens aux USA qui, avec l’aide de vos diplomates acquis à la politique de l’estomac, a été créée à l’insu de la Mauritanie multinationale dont les Peulhs, les harratines, les Wolofs, les bambana et les Soninkés en constituent la majorité.

Faire jouer les cadres expatriés (dont certains sont de bonne foi) pour la création d’une association fantoche est un projet vouée à l’échec et il aurait été préférable, dans une perspective de construction d’un Etat de droit, un état non raciste qui traiterait ses fils sur le même pied d’égalité, d’initier une dynamique unitaire privilégiant l’unité et la solidarité entre Mauritaniens (de l’intérieur et/ou de la diaspora) qui, face au drame politique instauré voilà 50 ans, pourrait influer positivement sur toute la classe politique et partant, sur la recherche ô combien souhaitée de solutions durables à notre existence en tant que nation multinationale. Plusieurs associations fantoches ne font qu’amplifier les inquiétudes parce que le plus important, est de se focaliser sur des objectifs stratégiques englobant toutes les problématiques.

C’EST QUOI LA DEMANDE SOCIALE ET LES QUESTIONS QUI FONT DROIT DE VETO ?

M. le président, il est triste d’entendre par la voix de vos collaborateurs et politiciens mauritaniens militants de votre parti, sortants d’écoles occidentales pourtant huppées, réduire la question nationale à la mise en valeur des terres de la vallée par l’expropriation foncière des populations autochtone,s sous le fallacieux prétexte de développement et d’autosuffisance alimentaire ! Vos collaborateurs oublient que les occidentaux, à des époques précises de leur histoire, connurent des difficultés énormes qui les conduisirent à des révolutions sociales, politiques, économiques et juridiques profondes, les contraignant à renier certains principes et pratiques sociales des plus « immuables » garantissant l’épanouissement des populations.

De telles attitudes positives expliqueront plus tard, leur développement. Mieux, ce développement a été initié et a été perpétué par le débat, la concertation, le respect des populations, le respect de leur patrimoine foncier, culturel, économique et la mise à leur disposition de ressources suffisantes et nécessaires pour les mettre dans le statut non pas de sujets mais d’acteurs et de partenaires au développement, contrairement à ce que votre gouvernement a fait dans l’affaire des terres louées à Taboukh Al Zirai et récemment, dans l’arrêté légalisant l’expropriation des terres du Walo dans le département de Boghe dont est originaire votre Ministre de la Défense et des Forces armées. Crime ne pouvait etre aussi mieux planifiée que cet arrêté qui vient violer la loi sur la tenure coutumière que l’Islam reconnait.

Dans cette affaire, votre gouvernement a révélé sa vraie nature, celle d’un régime arabe qui, comme ceux qui l’ont précédé, marque son apport à la concrétisation de l’establishment arabe au détriment de toutes les autres composantes noires. En lieu et place de garantir aux populations la protection leur patrimoine immémorial nécessaire et fondamental à leur vie, votre gouvernement entend conduire des reformes sans respect des normes sociales, culturelles et même religieuses. Au contraire vous tenez a assujettir les populations aux agendas, dont le dessein est bel et bien connu celui DEPOSSEDER LES POPULATIONS DE TOUT CE QUI FAIT LEUR DIGNITE DEPUIS DES TEMPS IMMEMORIAUX.

Or, répondre à la demande sociale, c’est d’abord afficher un RESPECT, une considération aux citoyens qui n’ont connu, depuis ½ siècle, que des violations et des frustrations de la part de l’Etat.

Répondre à la demande sociale en Mauritanie ne consiste pas à venir imposer des projets agricoles sur des terres que des populations ont longtemps travaillées et façonnées en fonction de leurs besoins. Répondre à la demande sociale, ce n’est pas la réfection des hôpitaux ou le colmatage par du bêton, des routes goudronnées ; au contraire, notre demande sociale, on ne cessera jamais de le dire, c’est aussi et surtout, ARRETER DE PROVOQUER LES NOIRS DANS LEUR HUMANITE ET LEUR EXISTENCE.

Imposer des projets agricoles sur des terres sujettes à des contradictions de toutes natures, c’est une PROVOCATION pure et simple de l’Etat contre des populations déjà meurtries par les tueries, les humiliations, le chômage, l’exclusion culturelle et autres préjudices irréfragables. Il y a des préalables ! Ils sont, entre autres, le rétablissement des équilibres entre les composantes de ce pays. Tant que ce préalable n’aura pas été satisfait, rien n’ira dans le bon sens même si vous vous entourez d’extraterrestres.

Le premier préalable est de longue durée mais toujours bon à rappeler, il s’agit de l’impératif lié à LA REVISION DE LA CONSTITUTION DISCRIMINATOIRE ET RACISTE ET DONC, DE LA REDACTION D’UNE NOUVELLE CONSTITUTION PARTAGEE, DISCUTEE ET BIEN APPROPRIEE PAR LES COMPOSANTES DE NOTRE PAYS.

En effet, la constitution mauritanienne actuelle a été imposée par le CMJD qui a été dirigé par votre oncle Ould VALL et cette constitution offre aux arabes, un outil redoutable de domination et d’aliénation des autres composantes nationales.

La REVISION de la constitution est un impératif majeur et obligatoire. Vous devez avoir le courage de faire face aux préoccupations liées à la résolution de la question de la cohabitation qui sont ignorées par notre loi fondamentale. Taillée sur mesure et aux ambitions de la composante minoritaire arabe, cette constitution nous divisera longtemps parce que les noirs ne s’y reconnaissent guère. C’est pourquoi, cette impossibilité de consolider l’unité nationale, et de réaliser une réconciliation nationale réelle et viable malgré les tentatives trompeuses et les montages que votre gouvernement actuel et les gouvernements précédents, ont tenté vainement d’imposer.

Vous avez tout intérêt à vous ouvrir à ce débat, celui qui interdit toute collusion avec les forces extrémistes qui vous entourent et qui ne veulent rien entendre, si ce n’est pérenniser l’hégémonie arabe et/ou avoir de quoi manger. La révision de la constitution, évoquée par beaucoup d’opposants, s’inscrit bien dans le souci d’assumer le rôle d’éclaireur ; attitude qui s’oppose évidemment aux paradigmes qui sont dans l’air du temps. De surcroît, il est impératif d’intégrer dans la demande sociale mauritanienne les contentieux ayant miné notre cohésion.

A titre d’exemple, l’école qui n’a été, jusque-là qu’un creuset de discorde et de haine, est un énorme contentieux qui honorerait tout chef d’Etat de s’y attaquer. Evoquer notre école, c’est aller au cœur de la bêtise politique imposée depuis 1966 et qui s’est accentuée depuis lors ; Il s’agit de la très impopulaire politique d’arabisation qui a été imposée aux noirs, pour uniquement les exclure durablement de l’appareil d’Etat. Ould Daddah en fût le promoteur politique et vous en êtes un héritier redoutable, avec la récente décision de faire de l’arabe la langue de travail de l’armée. Cette politique d’arabisation arrogante est à l’origine de la pourriture du système éducatif national et elle inaugura définitivement, la mise à l’écart des noirs mauritaniens dans un agenda d’aliénation qui a déjà échoué.

M. le Président, proposer de revisiter le système éducatif, c’est permettre l’érection d’un Etat fort, de citoyens bien formés et conscients de leurs intérêts et de celui de leurs concitoyens, donc de la collectivité nationale. En un mot, c’est aider à la création d’une nation forte où les jeunes arabes et noirs, futurs gestionnaires, auront la conscience et le sens de l’histoire et du devoir citoyen.

La question de l’Ecole mauritanienne est agaçante, gênante mais elle est incontournable en ce qu’elle est à elle seule, UN INDICATEUR IRREFUTABLE de l’hégémonie injuste des arabes sur les autres composantes noires. M. le Président, évoquer le secteur de l’Education, c’est rappeler d’une part, la primauté de la dignité humaine, et d’autre part, c’est rappeler les problèmes « existentiels » auxquels la Mauritanie est confrontée dans cette dynamique maladive de transformer les noirs en esclaves et en sujets. Il est essentiel de ne jamais ignorer notre diversité culturelle et linguistique qui est UNE FORCE REDOUTABLE POUR S’EPANOUIR. M. le président, que mes frères arabes aient des penchants pour l’arabisme, cela me parait naturel et légitime. Mais chercher à assimiler et/ou à faire disparaitre les langues négro-africaines par la force ou par la ruse scientifique, politique ou religieuse (notamment en évoquant l’arabe comme étant la langue du paradis !), c’est exactement semer la graine de la discorde nationale.

Les autres contentieux qui ont droit de veto, sont aussi la répression organisée contre les négro-africains. Ce fût une histoire tragique des noirs. Ainsi des noirs furent exécutés sans pitié et sans aucune raison. L’administration, l’armée, le monde rural n’ont pas été épargnés. Les dégâts humains qu’une telle politique a engendré, sont évidemment incalculables et ce ne sont pas les experts, négres de service, forts en alignement de chiffres et ou en création de commissions de droits de l’Homme, qui vous aideront à en atténuer les souffrances. Pour résoudre de telles brimades, il est impératif d’aller aux racines du mal. La reconnaissance dans la théorie et dans les faits que la Mauritanie est africaine et arabe, constitue en lui seul, un pas et cela doit être une disposition constitutionnelle claire et traduite dans le vécu de tous les Mauritaniens et que toute contravention doit etre passible de peines lourdes.

Les pages sombres de notre histoire rappellent que l’Etat mauritanien est fautif. C’est par conséquent, un changement qualitatif qui est demandé et non des nominations à tort et à travers, visant à satisfaire des chercheurs d’emploi et qui d’ailleurs, sont des exécutants des politiques stratégiques d’un état purement arabe. M. le Président, je vous invite humblement à mettre en place impérativement, UN PLAN STRATEGIQUE DE RESOLUTION DES QUESTIONS NATIONALES. Il est urgent que l’Etat renonce immédiatement à l’enracinement à sa politique chauvine d’enracinement et de création d’un état exclusivement, arabe.

M. le Président, ces actes commencent par vous, par l’institution que vous représentez. Il est de votre intérêt de renoncer immédiatement à nommer des politiciens et intellectuels qui vous conseillent à aller dans le sens d’un processus de réconciliation où colmatage et bricolage sont la norme d’action. Ces derniers ne vous aideront qu’à envenimer la situation sociale et à précipiter le pays dans la guerre civile. Or, la construction d’un Etat est un processus exigeant, pour lequel des prérequis sont nécessaires. Quand c’est l’inverse, il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir surtout au moment où l’UPR et ses valets se réorganisent dans le but de mettre le pays dans un chaos permanent.

Cette très grande tentation à vouloir confiner la politique à un gagne-pain, empiète durablement et négativement sur les exigences liées à l’intégration effective des noirs comme citoyens à part entière dans cette Mauritanie qui fonctionne encore et toujours, avec la survivance des mœurs et de reflexes racistes, esclavagistes et féodaux. La Mauritanie traîne des pesanteurs lourdes qui l’exposent à la guerre civile. Ces pesanteurs sont totalement enracinées dans les pratiques de l’Etat et ce, depuis notre indépendance.

Les faits politiques récents qui ont émaillé la vie politique -tueries d’officiers et de sous-officiers noirs, fosses communes disséminées dans le pays, chômage des noirs, expropriation des terres dans le Trarza, le Brakna, le Grogol et le Guidimakha, le maintien de l’oppression étatique à travers les ennuis administratifs et autres blocages civiques que connaissent les noirs (Transport, recensement), le recrutement exclusif des arabes (ou leurs sujets noirs) au détriment des citoyens noirs-, sont autant de preuves irréfragables que l’Etat mauritanien est un état raciste, qui favorise la composante minoritaire arabe.

Cette situation doit cesser et pour ce faire, les filles et les fils de la Mauritanie, arabes et noirs, doivent se donner la main sous impulsion d’un Etat qui assume dans son rôle régalien de protection et d’impulsion d’énergie nouvelle et salubre, avec à leur tête des Hommes de référence. Le drame en Mauritanie est que les sujets de fond sont éludés brillamment par une classe politique irresponsable, aujourd’hui au-devant.

Or, toutes les instabilités politiques et les crises politiques sont, à l’origine, le résultat d’anomalies, d’injustices d’ordre politique, social, culturel ou économique, le tout mettant en péril la stabilité sociale de la Mauritanie.

C’est sur cette question que se joue l’avenir de la Mauritanie. Et vous le dire, c’est vous rendre service en tant qu’institution mais aussi vous interpellez sur les premières exigences du développement pour lequel vous semblez avoir une inclination visible. Un développement ne peut se conjuguer avec les injustices systémiques dont les plus graves sont le RACISME D’ETAT, problématique de laquelle découle tous les corollaires : arabisation, tueries extrajudiciaires, expropriations de terres, iniquité dans la répartition des postes au sein de l’état, injustices économiques, juridiques, culturelles, sociales tous azimuts qui sont le vécu quotidien des noirs en Mauritanie.

Je vous remercie sincèrement.

ADAMA NGAIDE
MBA/DESS ENVIRONNEMENT/MAITRISE EN SN
NEW-YORK/USA