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Mauritanie : Ely Ould Mohamed Vall et les 10000 fusils noyés
lundi 8 septembre 2014
Rocambolesque et romanesque, l’aventure des 10000 fusils "de chasse" très perfectionnés qui viennent de terminer leur voyage au large de l’Ile de Gorée, dans un cargo tanzanien, le "Sea Soul 1", sabordé par son propre équipage égyptien... Mais quel rôle aurait joué dans cette affaire déjà obscure l’ancien Président mauritanien Ely Ould Mohamed Vall ???
La presse malienne et sénégalaise a largement repris le fait divers original survenu le 14 août 2014 au large de l’Ile de Gorée, au Sénégal, à quelques encablures du port de Dakar : un cargo tanzanien en provenance d’Irak et passé par la Turquie avait alors coulé avec son chargement, probablement après avoir été sabordé par son équipage, de nationalité égyptienne. Le chargement mystérieux du bateau était destiné au Mali... Nous sommes déjà en présence d’un kaléidoscope fascinant, comptant certains pays en état de forte instabilité, à commencer par l’Irak et en finissant par le Mali.
De quoi se composait le chargement du "Sea Soul 1" ? "L’âme de la mer", pour traduire le nom du cargo, charriait depuis la Méditerranée quelques 10000 fusils dits "de chasse", officiellement destinés au Mali, ainsi que plusieurs millions de cartouches et deux containers de poudre. Le marchand responsable de cette importation d’armes et de munitions est M. Baba Mangané, commerçant en import-export et propriétaire de la société SOCATRAM SA, à qui revenait l’ensemble de la cargaison du "Sea Soul 1".
Avait-on affaire à du trafic d’armes de guerre ? C’est évidemment la première idée qui vient en tête, quand on constate que M. Baba Mangané avait déjà à plusieurs reprises via sa société SOCATRAM SA fourni à la police malienne des équipements importés depuis la France.
Or dans le cas de cet achat, il n’est pas opéré en France mais en Irak (pays qui n’est pas précisément connu pour ses armureries d’armes de chasse) et s’il est dûment validé par des documents officiels maliens ("autorisation d’importer des fusils de chasse perfectionnés" signée par le Général Sada Samaké Ministre de la Sécurité du Mali, le 20 mars 2014") il n’est nullement précisé qu’il doive être affecté à telle ou telle force armée de l’Etat malien.
Dans l’état actuel du Nord du Mali, en proie à une guerre impliquant des civils, est-il opportun d’y organiser l’entrée puis la vente à la population de plusieurs milliers de fusils perfectionnés et de plusieurs millions de cartouches ? Veut-on organiser l’abattage de toute la faune malienne ? Ou bien ces fusils ont-ils d’autres destinataires, avec, ou sans, la complicité des autorités maliennes ? Et s’ils ont d’autres destinataires, quels sont-ils ?
C’est la qu’intervient la piste mauritanienne. Et l’hypothèse d’un trafic prend alors une tournure toute différente. Il se pourrait bien que les 10000 fusils coulés à Gorée n’aient en fait jamais été destinés au Mali. Plusieurs pistes apparaissent, la Centrafrique, le Nigéria avec Boko Haram, mais alors pourquoi passer par le port de Dakar ? C’est alors que de sources concordantes plusieurs services secrets tournent leurs regards vers la Mauritanie, où l’ancien président, le Colonel Ely Ould Mohamed Vall pourrait bien avoir eu l’intention d’amplifier les attaques orales auxquelles il se livre contre son jeune successeur dont les succès électoraux font pâlir l’ancien Chef de l’Etat...
L’équipage égyptien aurait-il parlé ? Avait-il des raisons de redouter que la destination finale des armes ait été repérée ? C’est ce que croit savoir l’Agence Nouakchott Info qui a levé la piste Vall depuis la fin du mois d’août... Suivie après quelques jours de silence par les dénégations de l’intéressé.
Reste à savoir si les "fusils de chasse perfectionnés" étaient réellement des fusils de chasse et pourquoi l’équipage s’est sabordé au large de Gorée au lieu d’attendre tranquillement l’examen des documents de bord et la fin de ses formalités de débarquement au port de Dakar ? Une tentative pour renflouer le navire devrait être faite par la Haute Autorité chargée de la Sécurité et de la Sûreté maritime, et de la Protection de l’Environnement marin (HASSMAR). Il faut peut-être s’attendre à d’ultimes rebondissements au Sénégal, au Mali et peut être en Mauritanie... Ou comment la noyade d’une cargaison finirait en "affaire d’Etat".
Source : Afrik.com