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Mauritanie : Polémique sur la loi anti-esclavage
vendredi 10 avril 2015
Pour certaines organisations anti-esclavagistes et de défense des droits de l’Homme, le gouvernement ne fait que plier face à la pression de l’opinion publique internationale, afin de rehausser son image.
La polémique se poursuit sur le nouveau projet de loi approuvé jeudi dernier par le gouvernement mauritanien pour sanctionner plus sévèrement l’esclavage. La nouvelle législation devrait être présentée au parlement mauritanien, en juin prochain, avant d’entrer probablement en vigueur en juillet prochain.
Mais pour certaines organisations anti-esclavagistes et de défense des droits de l’Homme, le gouvernement ne fait "que plier face à la pression de l’opinion publique internationale, afin de rehausser son image ».
Pour sa part, l’avocat Mohamed Ould Sidi Mohamed a déclaré à Anadolu que l’objectif de la nouvelle loi est de définir avec plus de précision l’esclavage, en se basant sur la convention internationale sur l’abolition de l’esclavage (1956), en plus de l’introduction de définitions plus précises notamment sur l’esclavage héréditaire.
Il a affirmé que la nouvelle loi comprend de nouvelles dispositions juridiques prévoyant d’indemniser les victimes ainsi que des programmes de discrimination positive en leur faveur.
La Ligue des Oulémas mauritaniens a émis de son côté une fatwa qui ôte à l’esclavage toute justification religieuse après avoir été officiellement aboli en 1982, sous le règne de l’ancien président Mohamed Khouna Ould Haidallah.
Mais la nouvelle loi, censée enrichir et remplacer celle de 2007, la première, à l’époque, à pénaliser l’esclavage, suscite malgré cela la controverse. Des activistes mauritaniens des droits de l’homme accusent les autorités du pays de « couvrir » le phénomène, alors que le gouvernement affirme déployer des efforts considérables pour éliminer ce sombre héritage.
Balla Touré, secrétaire aux relations extérieures de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) a déclaré à Anadolu : « la lutte contre l’esclavage exige la participation de toutes les forces nationales indépendamment de leur position politique », soulignant que « toute approche visant à éliminer l’esclavage de façon unilatérale par les autorités ne réussira pas ». Le responsable a affirmé que les autorités ne cherchent qu’à faire reluire leur image face à l’opinion publique internationale.
Quant à l’ambassade américaine en Mauritanie, elle a annoncé dans un communiqué publié il y a quelques jours, « apprécier les efforts déployés par le gouvernement mauritanien pour éliminer le phénomène de l’esclavage, par la nouvelle loi » soulignant que « le gouvernement américain s’est engagé à continuer à soutenir le gouvernement et la société civile mauritaniens, dans leurs efforts pour éliminer le phénomène de l’esclavage ».
AA / Nouakchott / Sidi Abdel Maleck