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Mauritanie : des élections sous haute pression de l’opposition
dimanche 25 août 2013
Le report des législatives et municipales en Mauritanie pour le 23 novembre prochain par la CENI ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique à Nouakchott. Alors qu’une partie de l’opposition dialoguiste sous la houlette de la Convention pour l’Alternance Pacifique( CAP) semble être associée à ce consensus excluant l’Alliance populaire (AP), la Coordination de l’opposition démocratique( COD) est confrontée à la même divergence avec l’intention affirmée du parti islamiste TAWASSOUL de jouer sa partition en solo pour le scrutin à venir. Pour les observateurs cette cacophonie de l’opposition est de nature à favoriser le maître du jeu Ould Aziz qui ne démord pas et veut aller jusqu’au bout de son piège qu’il a tendu à ses opposants depuis les accords de Dakar 2009.
Le spectre d’une répétition des accords de Dakar en 2009 plane sur les états- majors de l’opposition après qu’une partie de l’opposition dite dialoguiste sous la houlette de la CAP semble accepter le report des législatives pour le 23 novembre prochain par la CENI.
L’autre partie représentée par l’Alliance patriotique surprise par cet accord est catégorique et affirme que « ce n’est pas la date qui est importante mais la réalisation des conditions nécessaires pour des élections transparentes, crédibles voire consensuelles » selon son porte parole Ould Abdeirrahmane dans une déclaration faite à la presse ce début de semaine à Nouakchott.
Ce n’est pas la première fois que l’opposition mauritanienne est mise devant le fait accompli. La majorité continue de jouer sur la naïveté des leaders des dialoguistes pour semer la division et obtenir ainsi un accord à la Pyrrhus comme ce fut le cas des accords de Nouakchott en 2011 pour sortir de la crise qui secoue le pays depuis juillet 2009.
En quatre ans de pouvoir le président mauritanien n’a pas su créer une unanimité autour de sa personne et surtout de sa gouvernance. Au contraire il a suivi sa propre dérive autoritaire qui irrite l’opposition mais qui n’a pas réussi à le déstabiliser. Et pourtant tout était bien parti au début de son quinquennat quand le locataire du palais de Nouakchott avait enfourché le cheval de la lutte contre la gabegie et la corruption. Au fil des années l’opposition s’est rendu compte que c’était un leurre en l’accusant d’être trempé aujourd’hui dans une affaire de trafic de drogue qui a fait l’objet d’une ouverture d’enquête parlementaire mais sans résultats jusqu’ici.
Mais c’est sans compter sur les forces de la Coordination démocratique qui mise sur le boycott des élections pour amener Ould Aziz à la table des négociations. Des chances minimes pour aboutir à des résultats puisque la CENI vient de souffler un vent de panique au sein de la classe politique en amenant avec elle une partie de la nouvelle opposition alors que la COD vit certainement ses dernières heures de solidarité avec les intentions du parti islamiste TAWASSOUL de faire cavalier seul pour le premier tour du scrutin prochain. Cet embrouillamini affaiblit l’opposition mauritanienne et renforce la stratégie de la majorité qui consiste à gagner du temps pour convaincre les électeurs à aller aux urnes grâce à l’utilisation des fonds publics et la complicité des médias publics pour une campagne avant l’heure. Ce non respect des accords de Nouakchott de 2011 a été pourtant souligné par ces mêmes dialoguistes qui ont accepté en catimini un accord avec le report des élections par la CENI. Un flagrant délit de mensonge qui jette le trouble dans leurs rangs. Il y a feu aux alliances. La seule réponse positive aux offres de Ould Aziz c’est l’unité de l’opposition si elle veut éviter d’être prise à son propre piège.
L’UPR n’a d’autres choix que pousser ses ennemis à la faute au plus vite en reculant les échéances pour faire croire à l’opinion publique un consensus par un démantèlement de la COD qui pose plus de problèmes au plan du maître de jeu qui ne démord pas d’associer au strict minimum les élections aux composantes de l’opposition qui peinent à se rassembler.
Plus les jours passent plus les observateurs craignent une décomposition du climat politique. Preuve que la Mauritanie est loin de sortir de la crise qui la secoue depuis quatre ans maintenant.
Source : Seneweb