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Mauritanie : des quadruplés dans le désert

samedi 1er février 2014


Sirènes hurlantes, l’ambulance traverse le Sahara. Taghry Walet Tokeye, couchée sur la banquette arrière aux côtés de son mari, est inquiète. Taghry a commencé le travail. Avant de quitter le camp de réfugiés de M’Bera en direction du bloc opératoire de Médecins Sans Frontières à Bassikounou, l’équipe de MSF lui a dit qu’elle attend non pas un, mais quatre bébés.

À son arrivée à Bassikounou, une échographie confirme que Taghry est enceinte de quadruplés et que deux des bébés se présentent par le siège.

Bien évidemment, c’est un choc pour Taghry et son mari, Masaya. Ce dernier s’inquiète pour la vie de sa femme et de ses enfants, mais il a aussi d’autres préoccupations.

Coincés dans le désert

« Lorsqu’on lui a annoncé que sa femme attendait quatre bébés, le mari est resté sans voix », explique Karl Nawezi, chef de mission MSF en Mauritanie. « Il ne savait pas comment il allait pouvoir assurer la survive de tous ces enfants, étant donné la charge qui pèse déjà sur ses épaules. »

Taghry, Masaya et leurs six autres enfants font partie des 15 000 réfugiés qui ont fui le conflit au Mali en janvier 2013 pour trouver refuge en Mauritanie, un pays voisin.

À l’instar des dizaines de milliers d’autres réfugiés du camp, ils n’ont emporté rien d’autre que les vêtements sur leur dos et sont désormais totalement dépendants de l’aide humanitaire.

La situation au Mali n’est pas encore revenue à la normale et l’avenir de Taghry, de Masaya et des autres réfugiés isolés dans le désert reste donc incertain.

Une césarienne en urgence

À l’arrivée au bloc opératoire, l’équipe MSF décide sans attendre de pratiquer une césarienne, pour que Taghry puisse accoucher en toute sécurité.

« Ma famille a quitté le village du berger Maoulagué, près de Léré, parce que nous avions peur de la guerre », explique Masaya.

« Nous sommes arrivés à M’Bera pour nous cacher et être protégés. Mais comme nous manquions souvent de nourriture dans le camp, j’ai décidé de retourner de temps à autre dans la brousse pour m’occuper de mes cinq vaches, en laissant ma femme enceinte et mes six autres enfants dans le camp. »

Pour recevoir du matériel de première nécessité, comme des tentes, des couvertures et des ustensiles de cuisine, les personnes vivant dans le camp de M’Bera doivent être enregistrées auprès de l’agence de l’ONU pour les réfugiés, l’UNHCR.

« Un jour, alors que j’étais absent du camp », poursuit Masaya, « l’UNHCR ne m’a pas réenregistré et mon nom a été rayé de la liste des bénéficiares de vivres et autres avantages accordés aux réfugiés. »

Des quadruplés en bonne santé

La bonne nouvelle se propage depuis le bloc opératoire : Taghry a donné naissance à une fille et trois garçons en bonne santé. Ils pèsent entre 1,8 kg et 2,45 kg. Pour le moment, on les appelle simplement « bébés 1, 2, 3 et 4 », les prénoms étant traditionnellement choisis au moment du baptême.

Les bébés ont maintenant trois semaines et sont en parfaite santé. Ils sont toujours sous observation dans l’unité néonatale et l’équipe MSF a offert à Taghry et Masaya tout le matériel nécessaire – linge, layettes et lait – pour que les enfants restent en bonne santé en grandissant.

Alors que l’équipe MSF se réjouit de voir les progrès accomplis par les quadruplés depuis leur spectaculaire venue au monde, une question subsiste : avec 10 bouches à nourrir et peu d’espoir de rentrer chez eux, que réserve l’avenir à cette famille coincée dans le camp de M’Bera ?

MSF en Mauritanie

En Mauritanie, MSF soutient quatre centres de soins de santé primaires dans le camp de Mbera et au poste-frontière de Fassala, et dirige un bloc opératoire dans la ville de Bassikounou.

En 2012, les équipes de MSF en Mauritanie ont organisé 91 860 consultations médicales, ont pratiqué 836 accouchements et ont traité près de 7 350 enfants souffrant de malnutrition sévère.

Source : Médecins Sans Frontières (MSF)