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Mauritanie : l’opposition réclame un gouvernement consensuel avant la présidentielle
dimanche 2 mars 2014
L’opposition mauritanienne a exigé dimanche la mise en place d’un gouvernement consensuel chargé d’organiser l’élection présidentielle prévue cette année en Mauritanie à une date non encore fixée, après avoir débattu de la question pendant trois jours à Nouakchott.
Les participants au Forum de la démocratie et de l’unité, organisé de vendredi à dimanche par les opposants, estiment nécessaire la mise en place d’un gouvernement consensuel en vue de la présidentielle, selon le rapport final de la rencontre, qui a aussi rassemblé des organisations de la société civile, de syndicats et de jeunes proches de l’opposition.
Ce gouvernement doit être investi de larges pouvoirs qui garantiraient l’efficacité de son action et la neutralité effective de l’administration, et si ces conditions sont réunies, la présidentielle peut constituer l’occasion de sortie de crise pour le pays, d’après le document lu durant la cérémonie de clôture du forum.
Les participants aux discussions suggèrent notamment la dépolitisation des fonctions administratives, l’ouverture des médias publics à tous les acteurs (politiques) et l’interdiction de l’implication des militaires dans le jeu politique. Pour ce dernier point, les chefs de l’armée devraient ainsi déclarer publiquement leur neutralité.
Pour l’organisation matérielle du scrutin, une révision des textes existants, l’enregistrement de tous les Mauritaniens en âge de voter, l’audit du fichier électoral et sa confection collégiale sont nécessaires, estiment-ils également d’après le document.
A l’ouverture du forum, le chef de file de l’opposition, Ahmed Ould Daddah, avait affirmé que les opposants ne participeraient pas à la présidentielle si les conditions de transparence n’étaient pas réunies.
M. Ould Daddah avait cependant affirmé que l’opposition était disposée à tout dialogue véritable et responsable avec le pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Récemment, après une audience avec le Premier ministre, un des principaux négociateurs de l’opposition avait assuré que le gouvernement s’est dit prêt à entamer des concertations avec l’opposition pour parvenir à un consensus national sur la présidentielle.
Le chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz, un ancien général arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en août 2008, avait été élu un an après pour un mandat de cinq ans lors d’un scrutin contesté par l’opposition. Sauf énorme surprise, il devrait être candidat à la prochaine présidentielle.
Le forum de l’opposition a par ailleurs discuté des défis qui se posent à la Nation dont les questions de l’unité nationale et l’esclavage.
Il propose notamment une juste réparation et leur réhabilitation dans leurs droits des victimes des évènements douloureux de 1989-1991, en référence aux violences ethniques marquées par des exactions contre les Négro-Africains de Mauritanie.
Il juge également nécessaire une lutte effective contre l’esclavage et ses séquelles, prévoyant notamment des actions de discrimination positive en leur faveur dans le cadre de programmes de développement bien ciblés.
L’esclavage est officiellement interdit depuis 1981 en Mauritanie, et depuis une réforme de la Constitution en 2012, sa pratique y est considérée comme un crime. Depuis 2007, les personnes reconnues coupables d’esclavagisme encourent des peines pouvant aller jusqu’à dix ans de prison. Mais le phénomène perdure néanmoins dans le pays selon les ONG.
AFP