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Mauritanie : le président veut supprimer le Sénat

mercredi 4 mai 2016


Lors d’un meeting à Néma, dans le sud-ouest du pays, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a annoncé qu’il voulait supprimer le Sénat. La question devrait être au centre d’un dialogue prochain avec l’opposition, et devrait faire ensuite l’objet d’un référendum constitutionnel. C’est la troisième fois cette année que la question de la réforme du Sénat fait débat dans le pays.

Le Sénat serait devenu un obstacle au processus législatif en Mauritanie. Mohamed Ould Abdel Aziz l’accuse d’alourdir les procédures. A la place, il propose de former des conseils régionaux qui veilleront au développement économique et social des territoires.

La question de la réforme du Sénat n’est pas nouvelle en Mauritanie. Les 58 membres de la Chambre Haute ont dépassé depuis longtemps la durée de leur mandat. Les dernières élections sénatoriales ont eu lieu il y a 6 ans, alors que la loi prévoit le renouvellement d’un tiers des sièges tous les deux ans.

En janvier dernier, un projet de loi, déposé par le gouvernement, prévoyait un retour à la normale d’ici 2022 grâce à des renouvellements partiels. Projet de loi retoqué un mois plus tard par le Conseil constitutionnel.

Cette fois-ci le sort du Sénat sera discuté, selon le président, lors d’un dialogue national prévu dans trois ou quatre semaines. C’est le temps qu’a l’opposition pour décider de sa participation. Mais la tenue d’un dialogue politique véritablement inclusif semble peu probable : les discussions entre le gouvernement et l’opposition sont dans l’impasse depuis 2008.

L’opposition dénonce une manoeuvre politique

Sur le fond, le président du parti d’opposition de l’Union des forces de progrès (UFP), Mohamed Ould Maouloud, n’est pas forcément contre cette proposition. « On aurait pu se contenter de l’Assemblée nationale, ça c’est sûr, mais de toute façon personne ne va se dresser pour défendre le Sénat », avance-t-il. Mais en revanche, il estime que cette annonce est avant tout une manoeuvre politique vide, visant à détourner l’attention des vrais problèmes.

« Je ne voudrais pas qu’on se focalise sur les réformes qui ne réforment rien en réalité. Elles maintiennent le système dans sa globalité, dans le même fonctionnement qui est le sien, c’est-à-dire qu’il n’y a que le président, il n y’a pas le Sénat. Jusqu’à présent le pouvoir législatif n’existe pas. Il n’y a que le président, il a tous les pouvoirs : législatifs, judiciaires et évidemment exécutifs, estime l’opposant. Et l’objectif justement c’est de détourner l’attention sur la volonté de pouvoir de se maintenir malgré l’expiration de son mandat. Il essaie de tenir à tout prix son système sous une forme ou une autre. Cette proposition sur le Sénat n’est rien d’autre qu’un contrefait. »

Source : RFI