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Mauritanie : plus de fer mais moins de revenus

mardi 5 mai 2015


La Mauritanie est hautement dépendante des industries extractives. Avec 29 % de son PIB provenant de ce secteur en 2013, le pays a subi l’impact de la baisse mondiale du prix des matières premières. Le Rapport ITIE 2013 montre que, alors que sa production a augmenté pour toutes les ressources sauf le pétrole, les revenus du gouvernement ont chuté à cause de la baisse des prix.

Une production diversifiée

Producteur bien établi de minerai de fer pendant plus d’un demi-siècle, les industries extractives mauritaniennes se sont significativement diversifiées dans la dernière décennie avec la production d’or, d’argent, de cuivre et de pétrole.

La production de minerai a continué à augmenter en 2013 (de 12 % pour le fer à 13 millions de tonnes, de 24 % pour l’or à plus de 9 tonnes et de 22 % pour l’argent à 0,35 tonne). La production de cuivre est restée stable avec une production de 38 000 tonnes. Seule la production de l’unique champ de pétrole de Mauritanie a légèrement diminué de 2 %, avec 2,2 millions de barils.

Revenus en baisse

Alors que le prix du pétrole est resté élevé en 2013, la baisse mondiale du prix du minerai a frappé durement les finances publiques de la Mauritanie. Les recettes du gouvernement provenant des industries extractives ont chuté de 24 % en 2013 à 408 millions d’USD, dont 76 % a été transféré au budget national. Le reste est allé au fonds souverain, le FNRH.

Les revenus miniers représentent 85 % du total des revenus de l’extraction. Parmi eux, 81 % proviennent de la Société nationale industrielle et minière (SNIM) – la compagnie minière nationale, le seul producteur de minerai de fer du pays.

Pendant ce temps, les revenus du pétrole et du gaz ont chuté de 13 % à 55 millions d’USD. Sur cela, la Société mauritanienne des hydrocarbures et du patrimoine minier (SMHPM) a reçu 10 % du pétrole en nature, tandis que l’État a reçu 16 % directement.

Les impacts indirects du secteur

Alors que l’impact du prix bas des matières premières sur le budget du gouvernement est fort, son influence sur les communautés locales ne l’est pas moins. Le Rapport souligne le faible nombre d’emplois générés par ce secteur fiscalement important, avec seulement 4 % de la population active mauritanienne engagé dans les industries extractives. Le Rapport fournit également des détails sur le niveau des effectifs dans chaque entreprise. La baisse des revenus n’a pas affecté l’emploi.

Les paiements au gouvernement sont importants, mais les entreprises contribuent à l’économie nationale par d’autres moyens et le dernier Rapport donne des détails sur les charges sociales obligatoires et volontaires. Au total, les prélèvements sociaux issus du pétrole et de la mine représentaient 3 % des recettes totales, soit 11 millions d’USD, ce qui représente une hausse de 6 % par rapport à 2012.

Des données de piètre qualité

Le dernier Rapport ITIE de la Mauritanie est important pour comprendre comment le faible prix des matières premières affecte l’économie locale. Pourtant, il reste encore du travail à faire pour assurer la fiabilité des chiffres : alors que toutes les sociétés déclarantes sauf une fournissent des certificats de leurs contrôleurs, aucun des cinq organismes gouvernementaux ne fournit d’assurance quant à la qualité de leurs informations. Compte tenu du manque de vérification des comptes du secteur public par la Cour des comptes, les discussions interministérielles prévues en mai pour améliorer leur qualité en 2015 semblent opportunes.

Source : L’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE)