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Mort du Mauritanien Ahmed Baba Miské : l’Afrique chevillée au corps

mercredi 16 mars 2016


L’intellectuel et homme politique mauritanien Ahmed Baba Miské est décédé lundi 14 mars 2016 à Paris. Il avait plus de 80 ans. Un hommage lui a été rendu mardi dans la capitale française, avant le rapatriement de son corps à Nouakchott, où il sera inhumé.

Le ministère mauritanien des Affaires étrangères dit avoir appris cette disparition avec « consternation ». « A cette douloureuse occasion, le ministère ne peut manquer de souligner les grandes vertus du disparu et le rôle qu’il a joué au service de son pays avec professionnalisme et sincérité, ainsi que la place de choix qu’il occupe sur le plan intellectuel », peut-on lire dans le communiqué.

Originaire de Chinguetti, co-fondateur de l’Association de la jeunesse mauritanienne à 20 ans, Ahmed Baba Miské s’est engagé très tôt en politique. Fervant militant de la lutte pour l’indépendance de la Mauritanie, il s’oppose d’abord au président Moktar Ould Daddah, jusqu’à se retrouver emprisonné, avant une réconciliation qui lui permettra de devenir ambassadeur, notamment auprès des Nations unies, dans les années 1960.

L’intellectuel sera ensuite directeur des pays les moins avancés (PMA) à l’Unesco, en 1988. Ancien membre du Front Polisario, farouche défenseur de la liberté des peuples, Ahmed Baba Miské détaillait encore récemment sa lecture des indépendances afrcaines dans un livre intitulé La décolonisation de l’Afrique revisitée. Voici, ci-dessous, un extrait de l’interview qu’il avait alors donnée à Chistophe Boibouvier, en juin 2014 sur RFI :

« Avant de partir, les Européens ont mis en place un système avec des hommes, un système néocolonial. Donc, la liberté de prendre leur destin en main, pour les Africains, est restée absente jusqu’à maintenant. Or, faire face au sous-développement demande des efforts gigantesques, terribles, qu’un peuple ne peut faire que si vraiment, il est bien dirigé par une direction crédible et légitime.

Et justement, c’est ça que les Européens ont empêché. Ils ont empêché le peuple d’être bien guidé. Donc, à partir de ces régimes plus ou moins démocratiques, c’est là qu’un nouveau mouvement, notamment par les élites africaines, les jeunes Africains, peut être tout à fait légitime et avoir un droit de cité dans ces démocraties plus ou moins formelles. » Des mots qui résonneront désormais comme un héritage intellectuel.

Source : RFI