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Niger : un site d’Areva et une base militaire ciblés par deux attaques-suicides
jeudi 23 mai 2013
Deux attentats-suicides à la voiture piégée ont pris pour cible le principal camp militaire d’Agadez et un site d’Areva à Arlit dans le nord du Niger jeudi 23 mai, selon des sources militaires et des sources au sein de la compagnie au Niger. Areva annonce que l’attaque sur son site a fait treize blessés, tous des Nigériens, et "condamne cette attaque odieuse" contre ses personnels.
"Il y a eu une explosion devant le camp militaire d’Agadez", a déclaré le ministre de la défense nigérien Mahamadou Karidjo. "L’explosion est due à un véhicule bourré d’explosifs", a-t-il précisé. "Les assaillants ont été neutralisés", a-t-il dit, ajoutant : "Ce sont des ’peaux rouges’", en allusion à des membres des communautés touareg ou arabe. A présent, "toutes les rues d’Agadez sont bouclées, l’armée ratisse la ville", a rapporté un habitant.
Plusieurs soldats nigériens ont cependant été tués lors de la confrontation armée avec des activistes islamistes juste après l’attentat-suicide. "La situation est maintenant revenue à la normale. Le kamikaze n’était pas seul. D’autres terroristes suivaient dans des voitures et il y a eu des affrontements", dit-on de source militaire, sans préciser le nombre exact des victimes. Un diplomate occidental, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, a estimé à une dizaine le nombre de victimes.
Pratiquement au même moment, un "4 × 4 bourré d’explosifs" a explosé sur un site de la compagnie nucléaire française à Arlit, a indiqué un employé d’Areva, faisant des blessés, a indiqué un employé de la Somaïr, l’une des sociétés d’Areva exploitant l’uranium dans la zone.
"LE TRAVAIL N’A PAS CESSÉ"
"Des responsables de la société nous ont indiqué que le kamikaze est mort dans l’explosion", a-t-il poursuivi sous couvert d’anonymat. "Un homme en treillis militaire conduisant un véhicule 4 × 4 bourré d’explosifs s’est confondu aux travailleurs de la Somaïr et a pu faire exploser sa charge devant la centrale électrique de l’usine de traitement d’uranium située à 7 kilomètres d’Arlit", a-t-il affirmé. "Maintenant, tout est calme en ville et le travail n’a pas cessé", a assuré cet employé, faisant état de "dégâts mineurs" sur le site.
Selon une information de RFI, le gouvernement nigérien accuse le groupe djihadiste Mujao d’être l’auteur des attaques. Areva a précisé que les blessés sur son site ont été pris en charge par les services de secours locaux et annoncé un renforcement de la sécurité sur ses sites, assuré par les forces nigériennes. Le groupe a souligné travailler "en lien étroit avec les autorités nigériennes et françaises" dans ce contexte de menace terroriste.
De source militaire, on avait appris en janvier que Paris allait envoyer des forces spéciales pour protéger les sites d’exploitation d’uranium d’Areva au Niger, à Imouraren et Arlit. Le Niger a subi ces dernières années plusieurs attaques et rapts perpétrés par des groupes islamistes, notamment dans le nord du pays. Sept employés d’Areva et d’un sous-traitant avaient été enlevés le 16 septembre 2010 à Arlit par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Quatre Français, Daniel Larribe, Thierry Dole, Marc Féret et Pierre Legrand, restent aux mains de leurs ravisseurs. Ils "sont en vie", a déclaré récemment le président nigérien Mahamadou Issoufou sur France 24, alors que la guerre au Mali a fait craindre pour la vie des otages français au Sahel. "Mais où sont-ils ? Il est extrêmement difficile de le dire", avait-il reconnu.
L’extraction d’uranium au Niger, qui représente environ 20 % des besoins français, est stratégique pour Areva, tant pour l’alimentation des centrales nucléaires françaises que pour la vente de cette matière à ses clients étrangers. Areva emploie environ 2 700 salariés au Niger, dont 98 % sont des Nigériens. Une trentaine d’expatriés travaillent sur les sites d’Imouraren et Arlit.
Source : LeMonde (France)