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Pélerinage en Mauritanie : Nimzatt, immersion dans une oasis de la foi
vendredi 16 août 2013
La communauté khadre a célébré, le jeudi 8 août dernier, la fête de la korité à Nimzatt, aux côtés de son khalife général, Cheikh Bouneuneu Ould Cheikh Talibouya, continuateur de l’œuvre de son grand-père, Cheikh Cheikhna Cheikh Saadbou. Ils étaient des milliers à faire le déplacement pour venir boire à la divine source du saint homme. Cette année, Cheikh Sid’El Khair s’est beaucoup investi pour mettre tout le monde dans d’excellentes conditions de séjour.
La fête de la korité a été célébrée jeudi dans la cité religieuse de Nimzatt par des milliers de fidèles venus du Sénégal, de l’intérieur de la Mauritanie et d’horizons divers. La cité était devenue très exiguë pour contenir tout ce beau monde dont le seul souci est de venir se ressourcer aux près de leur khalife général, Cheikh Bouneuneu Ould Cheikh Talibouya, Ould Cheikhna Cheikh Saadbou. Il a désigné, depuis 2007, son fils Cheikh Sid’El Khair comme étant son bras droit. Aussi ce dernier coordonne-t-il pratiquement tout ce qui a trait au pèlerinage, reçoit les invités et certains « dahiras » et effectue, pour le compte de son père, les tournées dans certains pays, plus particulièrement au Sénégal. Nous l’avons trouvé dans sa « khaïma » (tente), à proximité de celle de son père, en train d’indiquer aux membres d’une « dahira » sénégalaise la voie à suivre pour bénéficier de la grâce de Dieu.
Selon Cheikh Sid’El Khair, son arrière grand-père, Cheikhna Cheikh Saadbou, en 1905, avait formulé le vœu que son mausolée ait les mêmes vertus que la Kaaba, « et que quiconque y prie voit ses vœux exaucés ». Certes, renseigne-t-il, Nimzatt a longtemps abrité des manifestations de ce genre. « Mais, ce n’est qu’en 1949 que mon grand-père Cheikh Talibouya l’officialisa, après avoir reçu des talibés, alors qu’aucun avant lui n’avait eu ce privilège ». D’autre part, le bras droit du khalife se réjouit de constater que ce pèlerinage a enregistré plus de 50 000 fidèles, « contre 42 114 en 2012. Du moins, ce sont des chiffres que nous ont communiqués les autorités de la police des frontières mauritaniennes ». Cheikh Sid’El Khair a aussi salué ce vaste engouement des fidèles khadres sénégalais « qui n’ont pas lésiné sur les moyens, pour venir passer la fête de la korité avec nous, malgré les difficultés de l’heure ».
Une famille sénégalo-mauritanienne
Il a surtout salué l’excellence des relations qui prévalent entre la Mauritanie et le Sénégal. « D’ailleurs, il ne peut en être autrement quant on sait que notre famille est composée de 70% de Sénégalais et de 30% de Mauritaniens. Donc, ce sont des Sénégalais qui viennent chez eux à Nimzatt ». S’agissant du pèlerinage de cette année, Cheikh Sid’El Khair remercie les présidents Macky Sall du Sénégal et Abdel Aziz de la Mauritanie « qui ont largement contribué à la réussite de la manifestation, en donnant les instructions qu’il fallait, surtout concernant la traversée des pèlerins ». Selon le porte-parole du khalife, « depuis l’annonce de notre événement, le président Macky nous a rassurés en donnant des instructions à tous les niveaux de son gouvernement et nous l’en remercions ».
Son homologue de la République Islamique de la Mauritanie également, Abdel Aziz, n’a pas été en reste, à en croire Cheikh Sid’El Khair. « En effet, il a largement contribué à la fête en ordonnant à ses collaborateurs de mettre à notre disposition des équipes médicales, des ambulances, des médicaments, des vivres composés de 20 tonnes de riz, de 4 tonnes de poissons, de l’huile, du sucre, etc. ». Il a dit la joie du khalife à l’annonce du chef de l’Etat mauritanien « qui a promis de réaliser la route qui relie Tiguinth et Nimazatt (64 km). Mais il faut comprendre que cette fête est un moyen de renforcer les relations entre le Sénégal et la Mauritanie qui ont toujours cheminé ensemble bien avant les indépendances ».
Néanmoins, le porte-parole souhaite que la libre circulation des personnes et de leurs biens entre les deux Etats soient toujours au beau fixe. « Nous aspirons toujours à l’allègement des systèmes de contrôle à la traversée. D’ailleurs, pourquoi ne pas mettre en place un pacte d’amitié sénégalo-mauritanien entre les deux rives ? Ce serait une bonne chose, surtout pour les marins sénégalais et mauritaniens, quand on sait que les deux pays ne sont en réalité qu’un seul », ajoute Cheikh Sid’El Khair.
Devoir de disciple
Par ailleurs, le porte-parole du guide de Nimzatt lance un appel aux fidèles de la communauté khadre pour qu’ils remplissent leur rôle de disciples. « Ils doivent avoir présent à l’esprit qu’ils viennent à Nimzatt pour se purifier, se ressourcer auprès de Cheikhna Cheikh Saadbou et de ses descendants, derrière le khalife Cheikh Bouneuneu Ould Cheikh Talibouya. Ce qui veut dire qu’ils doivent toujours avoir la foi en bandoulière, étant entendu qu’ils ne le regretteront jamais ». Pour Cheikh Sid’El Khair, ces fidèles doivent être ouverts, tolérants et doivent savoir pardonner, tout en suivant scrupuleusement les recommandations de Dieu. « C’est cela que Cheikhna a toujours conseillé. Au nom du khalife, il a aussi demandé à la famille chérifienne de jouer sa partition en guidant les pèlerins dans le droit chemin de l’Islam, « surtout que, de nos jours, nous faisons face à un monde hétéroclite plein de Jihadistes. Alors, ne nous lassons jamais d’éveiller les consciences des musulmans pour les éloigner de toutes les tentations ».
Le marabout salue la démocratie sénégalaise
Cheikh Sid’El Khair salue également l’exemple du Sénégal en matière de démocratie. « En effet, et touchons du bois, le Sénégal est le seul pays qui ne connaît pas de coups d’Etat et certains pays de la sous-région doivent s’y référer ». Il a aussi salué la détermination du président Macky Sall « qui a été courageux lorsqu’il prenait la décision, devant le président Obama, de ne jamais accepter la dépénalisation de l’homosexualité dans son pays. C’est un acte fort de sa part, sachant que nous sommes en pays musulmans », ajoute Cheikh Sid’El Khair qui demande aux parents de bien veiller à l’éducation de leurs enfants. Il a néanmoins fait quelques demandes au gouvernement mauritanien pour qu’il leur dote d’hélicoptères médicalisés, renforce le système hydraulique, et leur envoie aussi des médecins spécialisés et des chirurgiens à l’occasion des prochaines éditions ».
L’ambassadeur Amadou Kane transmet le message du chef de l’Etat au khalife
À l’occasion de la célébration de la fête de la korité jeudi à Nimzatt, l’ambassadeur du Sénégal à Nouakchott, Son Excellence Amadou Kane, à la tête d’une forte délégation dans laquelle se trouvait le nouveau consul du Sénégal à Nouadhibou, est venu représenter le chef de l’Etat, le Premier ministre et l’ensemble du gouvernement sénégalais. D’abord reçu par Cheikh Sid’El khair, il s’est ensuite rendu chez le khalife général de la communauté khadre, Cheikh Bouneuneu Ould Cheikh Talibouya, pour lui transmettre le message du président de la République Macky Sall.
Amadou Kane a saisi cette opportunité pour louer l’excellence des relations qui prévalent entre le Sénégal et la Mauritanie et mis en exergue l’amitié entre les deux chefs d’Etat. Il a également souligné la dimension sans commune mesure du pèlerinage à la cité sainte de Cheikhna Cheikh Saadbou, avant de dire au khalife que « le président Macky Sall a donné des instructions fermes en direction de l’organisation de cette fête dont il en attend un succès éclatant ». En réponse, Cheikh Bouneuneu Ould Cheikh Talibouya, Ould Cheikhna Cheikh Saadbou lui a dit être au courant de tout ce qu’a fait le président sénégalais pour lui. « D’ailleurs, il ne peut en être autrement car je suis son père et c’est moi qui l’ai baptisé ». Les guide de Nimzatt a aussi dit avoir converti à l’Islam 636 personnes de l’ethnie sérère. « Juste pour vous qu’il n’y aura aucun nuage entre le Sénégal et la Mauritanie qui sont deux pays amis et frères, unis par le destin ». Il a ensuite formulé des prières pour les présidents sénégalais et mauritanien ainsi que pour l’ambassadeur et sa délégation
Retour au bercail de la famille chérifienne
Nimzatt a été un haut lieu de retrouailles entre les membres de la famille chérifienne de Cheikhna Cheikh Saadbou d’une part, et avec les fidèles de la communauté khadre d’autre part. Parmi ces guides bien connus au Sénégal, figurent Chérif Atkhana Aïdara qui a plaidé pour une meilleure organisation de cette fête, au regard des nombreuses tracasseries que rencontrent les fidèles à la traversée, chérif El Walid Aïdara qui avait fait savoir que « la menace salafiste est réelle dans le Sahel », non sans rassurer à son niveau qu’aucun membre du Mouvement Al Jamahiria Islamia qu’il dirige ne suivra le chemin de la déperdition salafiste.
Une présence très remarquée aussi aura été celle de Chérif Khalifa Ould Adramé Ould Al Khalifa, surtout le jour de la prière de la korité. En effet, alors que tous les fidèles, guides de la famille chérifienne et membres du comité d’organisation avaient fini d’installer les disciples, chérif Al Khalifa fit irruption dans la foule, à dos de son légendaire chameau. Il traversa toute la foule, l’animal docile bousculant tout sur son passage, avant de s’accroupir près de la tente réservée aux descendants de Cheikhna Cheikh Saadbou. C’est certainement à cause de sa détermination que certains fidèles avancent qu’à Nimzatt, il y a un chameau qui ne sort qu’une fois par an. Les arrivées de Cheikh Al Walid et de Cheikh Bakhaïda Aïdara ont aussi été très remarquées. Il y a eu même des applaudissements pour ces jeunes guides.
Des caravanes de fidèles prennent d’assaut la cité religieuse
La fête de la Korité a vécu dans la cité religieuse de Cheikhna Cheikh Saadbou. Des milliers de fidèles, venus d’horizons divers, ont convergé par groupes vers Nimzatt, pour sacrifier à la tradition. Nimzatt est devenue une cité très convoitée.
Pour cette occasion, les pèlerins n’ont pas lésiné sur les moyens, pour répondre à l’appel de leur guide et celui de la famille de Cheikhna Cheikh Saadbou. Les relents de cet engouement religieux se sentaient depuis l’embarcadère de Rosso-Sénégal qui avait toutes les peines pour faire les rotations entre les deux rives. Les forces de sécurité mauritaniennes se sont surpassées et parvenaient néanmoins à canaliser tout ce beau monde, surtout les mardi et mercredi, avec l’arrivée des dernières caravanes de fidèles. Les deux bacs mauritaniens, chargés de convoyer les pèlerins sur l’autre rive, ont rempli leur contrat, à la satisfaction générale.
Des retombées financières certaines
L’autre satisfaction est venue de l’accessibilité de la route qui a été entièrement réfectionnée, de Tiguinth à Nimzatt. En effet, bien des fidèles gardent encore en mémoire, les nombreuses tracasseries jadis rencontrées, pour rallier la cité de Nimzatt. « Il nous fallait braver la chaleur quand nous empruntions les dunes de sable. Nos véhicules s’enlisaient, nous obligeant à pousser sur des centaine, voire des kilomètres, pour les en faire sortir et de poursuivre notre route », explique Cheikh Abdoulaye Gaye venu avec une bonne délégation de son dahira khadre. Ces retrouvailles religieuses occasionnent aussi des retombées financières certaines. Pour preuve, les piroguiers ont fait une bonne affaire mardi, la veille de la fête de Nimzatt, en multipliant le prix de la traversée par deux fois et demi (soit 500 Fcfa par personne, en lieu et place des 150 F, initialement fixés), au grand dam des pèlerins dont certains n’ont pas voulu attendre la reprise des rotations des bacs. Pressés, ils ont alors requis les pirogues en acceptant de mettre la main dans la poche. « Nous savons que c’est cher mais aussi, il fait chaud et l’endroit est dépourvu d’abris pour se protéger des rayons du soleil et que nous sommes pressés de nous rendre à Nimzatt », explique ce pèlerin en sueur, un gros sac de voyage en main.
La sécurité des personnes et de leurs biens a été bien assurée par les différents détachements de la police et de la gendarmerie et même des éléments de la garde nationale (ou présidentielle), dépêchés à Nimzatt pour la circonstance.
Bonne prestation des services de sécurité mauritaniens
Pendant toute la durée du séjour des pèlerins (soit près d’une semaine) dans la sainte cité de Cheikhna Cheikh Saadbou, ils ne faisaient que veiller au grain, avec de multiples randonnées près des khaïmas et jusqu’en dehors du village où il faisait sombre. Leur dispositif sécuritaire a aussi été installé tout au long de la route « Tiguinth-Nimzatt », longue de 64 km. Selon l’adjudant-chef Sarr Ousseynou qui assurait l’intérim du commandant de brigade de Rosso, il n’y a eu que deux accidents de la route « dont un qui a engendré un blessé grave qui a été évacué au centre de santé de Rosso, d’où il est ressorti au terme des soins reçus ». En outre, il indique que ses services ont été requis pour un cas de tentative de viol. « Effectivement, nous nous sommes déportés sur les lieux pour appréhender le mis en cause. C’était un adolescent de moins de 20 ans qui affirmait se tromper de khaïma et qu’il s’était couché sans aucune intention derrière une fillette de 12 ans qui a aussitôt crié ». Le commandant Sarr Ousseynou ajoute qu’après une visite médicale de la fille qui n’a rien donné, le garçon a été relâché. « Cela n’en valait pas la peine d’autant qu’en Mauritanie, la plus petite peine en matière de viol, est 15 ans ». A Nimzatt, tout le monde ne s’est pas préoccupé de la prière ou de la ziarra à Salihina.
Un tour au centre du village qui servait de marché, vous prouve que les commerçants égalaient pratiquement les fidèles. Tout se vendait dans la cité, mais à un prix hors norme/ vous aurez beau vous plaindre, les vendeurs en majorité femmes, ne vous écoutent pas. Un morceau de pain de 2 à 3 jours, coûte 200 Fcfa, un paquet de cigarettes (1000 à 1500 F), une boite de lait frais (1000), etc. les effets vestimentaires également ont connu la même hausse, au vu et au su des forces de sécurité qui ne pipaient mot. Heureusement que les pèlerins s’étaient organisés par dahira et que seuls, quelques uns d’entre eux squattaient les échoppes pour trouver de quoi se mettre sous la dent. Mais, les marchandises étaient trop chères à Nimzatt.
TRAVERSEE DU RETOUR : Des pèlerins énervés réclament un pont
Entrer en territoire mauritanien était comme lettre à la poste. A la limite, les forces de sécurité vous saluaient et vous souhaitaient un bon pèlerinage. Ne vous y fiez pas car le retour a été un véritable calvaire à l’embarcadère des deux bacs, surtout en ce jour de vendredi. Face aux tracasseries, les pélerins sénégalais interpellent les autorités sénégalaises pour la réalisation d’un pont entre les deux rives.
10 heures 30, ce vendredi, lorsque nous prenons congé de Nimzatt en direction du bac de Rossa. Notre chauffeur Fara Mbow a mis plein gazoil pour y arriver avant la « fameuse » pause des autorités portuaires des lieux. Et, en un temps record, la voiture avale les 166 km qui séparent Rosso et Nimzatt. Cependant, tous ses efforts étaient vains lorsqu’à quelques 6 km de l’embarcadère, il dut couper son moteur, à notre grande stupéfaction. Abattu et muet, il pointe son doigt devant nous, pour nous montrer une longue file, tels des serpents enchevêtrés.
Nous descendîmes pour nous informer et même, avec nos ordres de mission. Peine perdue devant ces forces de sécurité qui ne veulent plus rien comprendre, encore moins donner une explication du pourquoi de cette attente. Toujours est-il que le fil de véhicules s’allongeait et il nous a fallu patienter pendant 5 tours d’horloge, avant de passer sur l’autre rive. N’empêche que des esprits commençaient à se surchauffer, même s’ils savaient que les policiers n’en avaient cure.
On criait par ci, vociférait par là, tandis que d’autre gesticulaient. Mais la complainte est commune. Tous ceux que nous avons approchés, ont été unanimes à dire que la seule solution viendrait de l’érection d’un pont entre les deux rives. « Le gouvernement doit venir constater ce qui se passe ici et ce que nous endurons pour traverser. C’est tout le contraire qu’on lui fait croire », souligne Moctar Hanne.
Le Reuzame annonciateur d’événements
Le Reuzame est un tabala (tambour) portant des inscriptions coraniques sur la peau qui recouvre la calebasse en bois. Mercredi nuit, lorsque le croissant lunaire a été aperçu, le khalife général de la communauté khadre a donné l’ordre de le faire sortir. Selon son fils et bras droit Cheikh Sid’El khair, le Reuzame ne sort que pour annoncer un évènement majeur. « Par exemple, pour annoncer la fin du mois béni de Ramadanou ou tout autre évènement touchant de près la famille chérifienne ». Cependant, compte tenu de la dimension du village qui s’agrandit d’année en année, quatre coups de fusil sont également tirés vers le ciel, pour permettre aux fidèles très éloignés d’être informés de la nouvelle. « C’est la tradition ici à Nimzatt et le Reuzame est sous la responsabilité du khalife au trône, et personne d’autre que lui, ne peut ordonner sa sortie. D’ailleurs, après cette annonce, on le garde jalousement », ajoute Cheikh Sid’El Khair.
Salihina, le lieu où tous les vœux sont formulés
Salihina, caveau de Cheikhna Cheikh Saadbou et de ses descendants, est l’un des poumons de Nimzatt. Pendant la célébration de la Korité dans cette localité, les milliers de fidèles de la Tarikha Khadrya, en file indienne, s’y rendent pour se recueillir au mausolée du saint homme et prendre de son sable béni qui, dit-on, exauce leurs prières.
Jeudi, après la prière de la korité, les pèlerins qui avaient fini d’emballer tentes et autres bagages se dirigeaient déjà vers le sanctuaire comme un dernier au revoir. Jusqu’au crépuscule, le lieu ne désemplissait pas. Le même scénario était aussi constaté le lendemain vendredi et les jours suivants. Les fidèles ne cessaient de converger par petits groupes vers Salihina, le caveau de Cheickhna Cheick Saad-Bou et de ses illustres descendants, dans l’espoir de voir leurs vœux se réaliser. Ces talibés (disciples) se réfèrent à la prédication de leur guide qui avait dit que « celui qui endurera la rigueur du climat et la pénibilité de la route qui mène à de Nimzatt verra ses vœux exaucés ». À cause de la chaleur, certains commerçants ont trouvé le malin plaisir d’ériger un petit marché à proximité de l’entré de Salihina, ce caveau entouré de dunes de sables que certains véhicules peines à franchir.
N’empêche que les fidèles n’ont cure des rayons que le soleil dardait sur leur tête, l’essentiel étant pour eux de s’agenouiller devant le mausolée du fondateur de la Tarikha khadrya ou de l’un de ses descendants et de prier. On rend hommage et magnifie l’œuvre de Cheickhna Cheickh SaadBou, car tout est foi et dévotion en ce lieu sacré et béni. Par ailleurs, sur le mur qui se trouve derrière le mausolée de Cheikhna, on lit des noms. Abdoulaye, Khalifa, Moussa, Fatimata, Khadidiatou, etc. Cheikh Sid’El Khair, fils de l’actuel khalife à qui nous avons demandé le pourquoi de ces noms écrits, nous répond « qu’il n’a jamais été demandé aux fidèles d’y mettre leur nom. À la limite, écrire en effleurant le mur, mais pas avec de l’encre ». Mais la foi aidant, les fidèles sont passés à la vitesse supérieure pour espérer que leurs vœux soient exaucés par le biais de Cheikhna Cheikh Saadbou. Un peu en retrait, l’on peu également remarquer un puits où, dit-on toujours, s’abreuvaient les bêtes du saint homme. Après Salihina, on peut quitter Nimzatt fier d’avoir fait un bon pèlerinage.
De nos envoyés spéciaux, Babacar DIENG (textes) et Abib DIOUM (photos)
Source : Le Soleil (Sénégal)