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Plus de 60 migrants meurent dans le naufrage de leur bateau au large de la Mauritanie

jeudi 5 décembre 2019


Ils étaient sur une embarcation transportant 150 à 180 personnes, dont des femmes et surtout des jeunes âgés de 20 à 30 ans, partie depuis la Gambie.
Plus de 60 migrants partis de Gambie sont morts mercredi dans le naufrage de leur embarcation au large de la Mauritanie, un drame qui rappelle combien les migrations clandestines de l’Afrique vers l’Europe restent meurtrières. "C’est à notre connaissance un des pires naufrages cette année" sur cette voie de migration par l’Atlantique, a indiqué la porte-parole de l’OIM en Afrique de l’Ouest, Florence Kim.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a fait état de 62 décès, une source sécuritaire de 63 morts après que cinq corps eurent été rejetés par la mer ce jeudi, au lendemain du désastre. Un possible présage d’un bilan plus lourd encore est attendu dans les prochains jours.

"Des femmes et surtout des jeunes"

C’est aussi un nouveau témoignage des risques considérables que prennent de très nombreux Africains pour tenter de gagner l’Europe pour un mélange de raisons économiques, sociales ou politiques, et du coût humain de ces migrations, qui ont causé des milliers de morts.

Le groupe venait de Gambie, l’un des plus petits pays d’Afrique, mais aussi l’un de ceux qui, en proportion de sa population d’environ deux millions d’habitants, connaissent le plus de départs. Il était parti le 27 novembre, selon l’OIM. 

Leur "embarcation de fortune transportait entre 150 et 180 personnes, dont des femmes et surtout des jeunes âgés de 20 à 30 ans", a rapporté le ministère mauritanien de l’Intérieur dans un communiqué. "Il s’agissait pour l’essentiel d’immigrants irréguliers qui tentaient de rejoindre l’Espagne en provenance de Banjul, en Gambie, selon les premières informations recueillies auprès de la majorité des rescapés", a-t-il dit.

Le naufrage s’est produit mercredi à environ 25 km au nord de la ville de Nouadhibou, près de la frontière avec le Sahara occidental, a précisé une source sécuritaire mauritanienne. "Ils allaient vers les Canaries, ils n’avaient plus d’essence, ils ont voulu se rapprocher de la Mauritanie et ont heurté un rocher", a relaté la porte-parole de l’OIM. 

Des enterrements anonymes

L’embarcation, apparemment une simple pirogue, "a commencé à prendre l’eau. Ils n’étaient pas très loin du rivage, mais une forte houle les a empêchés d’atteindre la côte en bateau", a dit la source sécuritaire mauritanienne.

Ils ont quitté l’embarcation à la nage. Quatre-vingt-trois naufragés, dont dix mineurs, sont parvenus à rejoindre le rivage selon l’OIM. Mais 58, dont au moins huit femmes et un enfant, ont péri. Les victimes ont été enterrées près de Nouadhibou dans la nuit, sans attendre, selon les prescriptions musulmanes, et sans être identifiées, a dit la porte-parole de l’OIM à Dakar.

Certains rescapés ont été hospitalisés en urgence à l’hôpital de Nouadhibou, place portuaire et deuxième ville de Mauritanie. Les survivants "sont très fatigués, affamés, le moral à zéro, mais ils reprennent leurs forces et leurs esprits petit à petit", a déclaré un médecin de service sous le couvert de l’anonymat. "Le gros problème, c’est qu’il n’y a pas de psychologue, ils sont sous le choc", a noté la porte-parole de l’OIM. 

Les rescapés ont été recueillis "suivant les règles d’hospitalité qu’exigent la solidarité humaine, la fraternité et l’hospitalité africaines", a dit le ministère mauritanien. "Cette situation rappelle, s’il en est besoin, la tragédie que cause le phénomène de l’immigration clandestine, qui décime la jeunesse africaine", a-t-il dit.

"Pays de départ"

Parmi les voies de migration pour gagner l’Europe et surtout l’Espagne, la route de l’Afrique de l’Ouest, par mer ou par terre, fut l’un des itinéraires privilégiés, emprunté par des dizaines de milliers de migrants au milieu des années 2000. Les Canaries (Espagne) en particulier, à une centaine de kilomètres des côtes marocaines, offraient l’une des principales portes d’entrée à l’Union européenne.

Les mesures prises par les autorités espagnoles ont réduit le flux. Les migrants africains ont davantage emprunté la route de la Méditerranée pour gagner l’Espagne, la Grèce ou l’Italie à bord d’embarcations de fortune. Mais la route occidentale connaît un relatif regain depuis environ deux ans, en raison des mesures prises contre la migration transitant par la Libye, indique Florence Kim.

Source : lexpress.fr