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Pour la première fois de l’histoire, un film mauritanien aux Oscars
vendredi 30 janvier 2015
Ultime consécration pour Timbuktu ? Sûrement, le film d’Abderrahmane Sissako est devenu pour la première fois de l’histoire du cinéma mauritanien, le premier à concourir pour l’Oscar. C’est depuis son pays natal que le réalisateur a appris que l’Académie des Oscars avait nominé son film dans la catégorie du « Meilleur film étranger ». Une grande nouvelle pour le réalisateur qui a déclaré que « c’était un honneur pour la Mauritanie mais aussi pour l’Afrique ». Sorti en salle depuis 2014, le film d’Abderrahmane Sissako, Timbuktu, a déjà réuni quelques 500 000 spectateurs en France. Un succès qui devrait donc dans les prochaines semaines encore plus s’accentuer avec cette nomination aux Oscars 2015.
La Charia à l’heure de Tombouctou
Timbuktu retrace une période sombre mais pourtant récente de la ville de Tombouctou. Le film s’inspire des faits réels pour raconter l’histoire de Kidane, un éleveur qui a une petite fille. Un jour, ce dernier assassine un pêcheur qui a tué une de ses vaches. Il se retrouve donc sous le coup de la loi islamique à la merci des djihadistes féroces.
Des faits réels puisque Tombouctou a été sous la coupe de djihadistes qui y ont appliqué la Charia avec une certaine violence. De 2012 à 2013, la ville a vécu dans un climat de terreur où le port du voile était obligatoire pour les femmes qui vivaient également sous le rythme des mariages forcés. On y retrouve ainsi les affres de la vie de l’époque avant que les forces françaises ne viennent libérer la ville. Des traits parfois difficiles voire même insupportables comme cette femme qui reçoit des coups de fouet pour avoir chanté ou encore une vendeuse de poissons qui tend une lame aux djihadistes qui veulent lui couper la main parce qu’elle les a montrés à ses clients.
Des scènes de vie « ordinaires » d’un quotidien plein de résistance pour une population à jamais marquée par les cicatrices de cette période.
Timbuktu : la sobriété et la poésie dans son état pur !
A mi-chemin entre le film et le documentaire, le film d’Abderrahmane Sissako reste poignant d’émotions. C’est certainement sa simplicité qui marque dès le début pour ce film tourné dans un village du Mali.
Entre la violence armée que tente d’imposer les djihadistes et la lutte pacifique que mène la population, c’est un film rempli de poésie que nous livre le réalisateur. Coproduit avec une maison de production française, Arches Film, et Les Films du Worso, Timbuktu réunit des acteurs amateurs. Parfois même recrutés à la dernière minute, le film a pourtant tout le charme des grands films qu’il devra affronter. Le film est ainsi en lice avec le film d’ Andreï Zviaguintsev Léviathan ou encore le film polonais de Pawel Pawlkowski, Ida.
Mais même s’il ne gagne rien, le film d’Abderrahmane Sissako a déjà remporté de nombreux prix. Au Festival de Cannes il a déjà reçu le Prix du jury œcuménique ainsi que le Prix François Chalais.
Source : Le Parisien