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Prison secrète Salah Dine : Le Guantanamo mauritanien sous le collimateur

mardi 2 juillet 2013


L’étau se resserre de plus en plus autour de la Mauritanie. Après les marches de protestation et les sit-in des familles des quatorze Salafistes détenus dans une prison secrète en Mauritanie, et suite aux protestations des ONG de défense des droits de l’homme, comme Amnesty International, c’est au tour du Parlement européen d’exprimer son inquiétude face à de telles violations du droit international et des lois internes mauritaniennes. Le cri d’indignation des Européens é été adressé à leurs collègues mauritaniens lors d’une rencontre il y a quelques jours à Bruxelles.
Texte seulement

Le Parlement européen vient d’exprimer son inquiétude par rapport au sort des 14 prisonniers salafistes mauritaniens, placés depuis plus de deux ans dans une prison secrète quelque part dans le pays. Les eurodéputés ont ainsi déclaré être perplexes devant le cas de ces prisonniers dont la vie est en danger.

Cette crainte a été exprimée lors d’une rencontre il y a quelques jours entre les membres du Parlement européen et leurs homologues mauritaniens à Bruxelles. Ils ont souligné leur indignation face au traitement réservé aux prisonniers salafistes dont la situation du point de vue du droit international, est selon eux illégale.

Cette position très forte des Eurodéputés intervient au moment où les familles des Salafistes détenus viennent d’engager une série d’actions pour briser le silence qui entoure le sort de leurs enfants. Ils exigent du gouvernement mauritanien le droit à l’information par rapport au lieu de détention des prisonniers, le droit de visite pour les proches et les avocats. Les familles se sont dites d’autant plus inquiètes du sort des prisonniers que deux d’entre eux viennent d’être admis aux urgences de l’hôpital militaire de Nouakchott alors que des informations alarmantes évoquent une situation médicale et sanitaire désastreuse des autres prisonniers.

Les ONG des droits de l’homme également ont levé le ton ces derniers temps. Amnesty International serait ainsi la seule organisation à avoir eu l’autorisation de visiter les prisonniers salafistes. Dans une correspondance signée par certains des pensionnaires, ceux-ci déclarent avoir informé l’organisation des nombreuses violations des droits humains dont ils sont victimes depuis leur internement à la base de Salah Dine, quelque part dans le Septentrion mauritanien, en plein désert. Seul lien entre les Salafistes détenus et le monde extérieur, Amnesty International aurait ainsi été plusieurs fois sollicité pour informer l’opinion publique nationale et internationale sur le calvaire et les souffrances que les prisonniers du camp Saleh Dine endurent depuis leur transfert en 2011.

Aujourd’hui les 14 Salafistes Djihadistes qui purgent la peine de mort exigent la possibilité de se plaindre sur le plan international de quelques uns de leurs géôliers coupables à leurs yeux de traitements cruels, dégradants et inhumains à leur égard. Les Salafistes exigent également une révision de la loi antiterroriste adoptée en Mauritanie en ce qu’elle violerait toutes les Conventions internationales en matière de droits humains.

Il faut rappeler que dans une interview qu’il avait accordée à des journalistes français, le président Mohamed Ould Abdel Aziz avait plus ou moins reconnu que les prisonniers en question ont été placés dans une prison secrète. Selon lui, la mesure a été prise pour des raisons de sécurité nationale, les prisonniers en question continuant selon lui, du fond de leur cellule à la prison civile de Nouakchott, de communiquer avec « leurs chefs » du réseau Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) basés dans le Nord Mali. Leur placement dans une prison secrète, aussi illégale qu’il soit, se justifierait d’ailleurs selon lui amplement, vu qu’il s’agit d’éléments dangereux condamnés à mort pour des actes terroristes et criminels.

Cheikh Aïdara

Source : Journal L’Authentique