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Processus de paix : le Mali sollicite l’implication de la Mauritanie
mercredi 8 avril 2015
Le Mali sollicite l’implication de la Mauritanie, aux côtés de l’Algérie, dans la résolution de la crise du nord du pays. Le président IBK a envoyé un émissaire à son homologue mauritanien pour demander sa médiation auprès des groupes armés de la CMA qui n’ont toujours pas paraphé l’accord d’Alger.
C’est le ministre de la Réconciliation nationale Zahabi Ould Sidy Mohamed, porteur du message qui a donné l’information hier mardi à Nouakchott . Le ministre a déclaré que « le Mali compte sur la Mauritanie pour poursuivre ses efforts afin que les parties qui n’ont pas encore signé l’accord d’Alger le signent ». Selon Zahabi Ould Sidy Mohamed, il est important aujourd’hui pour le Mali que la Mauritanie accompagne cet accord en tant que médiateur aux côtés de l’Algérie ».
L’émissaire malien a ajouté que le message dont il est porteur est aussi le témoignage des excellentes relations qui existent entre "deux pays frères". L’implication de la Mauritanie avait permis d’obtenir en 2014, un cessez-le-feu entre le Gouvernement du Mali et les groupes rebelles du Nord. Le ministre Zahabi Ould Sidy Mohamed a assuré que le peuple malien n’oubliera jamais le déplacement du Président de la Mauritanie jusqu’à Kidal au plus fort de la crise.
Depuis plusieurs semaines, le processus de paix inter-maliens est dans une impasse . Depuis le 1er mars, la Coordination des mouvements de l’Azawad, n’a toujours pas paraphé le document adopté à Alger.
Pour la Coordination des mouvements de l’Azawad, cet appel du Président malien est une bonne initiative . Selon son porte-parole Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, une délégation de la CMA est d’ailleurs en Mauritanie pour solliciter aussi l’implication du Président Mauritanien.
Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, joint par Sékou Gadjigo
« Je pense que la Mauritanie est déjà inscrite dans cette démarche d’appuyer les parties à aboutir à une solution équitable par rapport à ce conflit. Maintenant, que le Président du Mali appelle la Mauritanie à s’impliquer d’avantage en vue du dénouement de ce que je n’appelle pas un blocage, parce que pour nous il n’y a pas de blocage. Nous, nous avons juste besoin des clarifications sur certains points, donc n’appelons pas cela blocage. Cet appel, pour nous, est tout à fait normal et il est le bienvenu, je crois que c’est le processus qui en sortira gagnant. Je pense aussi que c’est légitime que la Mauritanie s’implique, parce que la crise malienne va au delà du Mali. Elle touche l’Algérie, le Niger, la Mauritanie. Et c’est tant mieux si la Mauritanie confirme encore son engagement dans ce processus en tant qu’acteur, facilitateur et membre de la médiation. Et d’ailleurs, il y a une délégation de la CMA qui est en ce moment à Nouakchott pour qu’on arrive à une issue heureuse, pour qu’on tourne vraiment cette page douloureuse pour notre pays ».
Le Mali connaît depuis quelques semaines une recrudescence des actes de violence. Des obus tirés sur les villes de Gao et de Kidal, des attaques à main-armée sur des populations civiles à Mopti, ou encore l’explosion d’engins à Bamako. Selon Ousmane Kornéo, spécialiste en sécurité du sahel, ceci était prévisible. Il participait à l’émission le grand dialogue d’hier.
« Il faut reconnaître que la situation actuelle est une situation inédite, mais c’est une situation qu’on retrouve dans le cours normal d’un conflit tel que le conflit du nord Mali : des bandits armés, des terroristes. Des bandits armés qui agissent, ils ont perdu la provision et il n’y a que par le banditisme, et l’attaque des marchés qu’ils peuvent s’approvisionner mais il y a aussi le terroriste. Ceux qui tirent et pour lesquels on se pose la question pourquoi ils tirent ? Pour créer la psychose au sein de la population. Face à la situation actuelle les séparatistes sont un peu les rebelles. Ils peuvent aussi être indexés parce qu’ils ont tout un terrain face à la situation actuelle où ils ne veulent pas signer de sorte, jusqu’à présent, ils sont capables de nuire. Je crois que c’est tous ces éléments qui se retrouvent aujourd’hui et qui terrorisent. Le commun du mortel malien n’arrive plus à dormir ».
Lors de son déplacement en Mauritanie, le Ministre de la Réconciliation nationale a rencontré des réfugiés maliens. Il a invité les personnes qui vivent dans les camps à rentrer au pays. Un retour qui n’est pas encore possible car selon Ahmedou Ag Albohari, coordinateur par intérim du camp de Mbéra, « les réfugiés ne retourneront pas au Mali avant la signature d’un accord définitif de paix ». Il est joint au téléphone par Arkia Touré.
« Il est temps qu’on cesse d’être réfugié, il est l’heure que le Mali change. Tous les citoyens du nord du Mali doivent être considérés de la même façon. Lorsqu’il y a un braquage dans le Sud du Mali, on ne s’en prend pas au sédentaire qui est à côté, on ne le torture pas. Or dans le nord s’il y a un braquage ou quelque chose à coté d’un campement on vient tirer sur le campement. Il est temps que ça cesse. Avant un accord définitif avec les mouvements belligérants nous, nous n’allons pas retourner. Comment tu peux faire retourner des réfugiés alors que le préfet, le sous préfet, les services déconcentrés de l’Etat ne sont pas sur place. Dans chaque cercle il n’y a pas de perception, il n’y a pas de contrôleur financier. Les autorités ne sont pas retournées dans les arrondissements et ils veulent faire retourner des réfugiés. On ne peut pas mettre les charrues avant les bœufs ».
Studio Tamani