Accueil > Actualités > A la Une > Route Tindouf-Zouérate : L’Algérie cherche l’Atlantique à travers la Mauritanie

Route Tindouf-Zouérate : L’Algérie cherche l’Atlantique à travers la Mauritanie

lundi 2 janvier 2023


Le projet est présenté comme la deuxième option de Tebboune pour un débouché commercial vers la mer après que le Maroc a pris le contrôle du poste frontière de Guerguerat il y a trois ans

Fin 2021 - lors de la visite officielle du président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, en Algérie, à l’invitation du président algérien lui-même, Abdelmadjid Tebboune - Nouakchott et Alger ont clôturé le plus grand projet algérien hors de leurs frontières depuis la déclaration d’indépendance de la République en 1962. La course Tindouf (Algérie) - Zarate (Mauritanie). Une route de près de 775 kilomètres d’asphalte qui traversera une partie du désert du Sahara à travers les deux pays, et qui - on l’espère - servira à rapprocher Alger de l’océan Atlantique.

Or, à l’issue de la première séance de travail de la Commission mixte algéro-mauritanienne pour la construction de la route - coprésidée par le ministre algérien des Travaux publics, de l’Hydraulique et des Infrastructures de base, Lakhdar Rakhroukh, et le ministre mauritanien de l’Equipement et des Transports, Nani Ould Chrougha -, M. Rakhroukh a expliqué dans une déclaration officielle que c’est "dans les prochains jours que seront lancées les études préliminaires et exhaustives de ce projet".

"Le projet de cette route aura une grande portée économique et sociale à l’échelle régionale et continentale", a déclaré le ministre algérien, faisant valoir qu’elle deviendra un corridor de transit international, puisque la Mauritanie et l’Algérie sont deux points clés dans le transit des biens et des personnes entre l’Europe, le Maghreb, l’Afrique de l’Ouest et le reste du continent. En plus de "promouvoir l’exportation des produits nationaux [algériens] vers d’autres pays africains et de relancer l’économie de toute la région".

Cependant, selon al Arab News, les observateurs internationaux affirment qu’il s’agit seulement de la deuxième tentative algérienne d’accéder à la mer après que le Maroc ait pris le contrôle administratif du passage de Karkarat (situé au sud du territoire sahraoui, dans la région administrative d’Ad-Dachla-Wadi az-Zahab, le seul passage frontalier vers la Mauritanie) il y a trois ans, contrariant ainsi ses efforts pour utiliser ses bonnes relations avec le Front Polisario pour atteindre l’Atlantique. Selon des analystes cités par le quotidien arabe, Alger s’est donc efforcée de trouver de nouvelles routes alternatives vers les marchés ouest-africains et de lui offrir un débouché sur la mer pour commercer avec l’Europe. Cela pourrait améliorer sa position vis-à-vis de son ennemi régional, le Maroc.

Dans cette veine, certains de ces mêmes observateurs estiment que le changement de stratégie algérienne pourrait marquer le début d’une révision des relations entre Alger et le Front Polisario, car - selon eux - le groupe sahraoui pourrait commencer à devenir un fardeau militaire, diplomatique et économique pour Tebboune.

La route Tindouf - Zarate sera construite par plus d’une douzaine de sociétés algériennes, dont EVSM, ETTR Ouargla, EPTP Alger, Cosider TP ou SERA Oran, et sera exploitée par Alger dans le cadre d’une concession de 10 ans qui sera renouvelée tacitement après sa mise en service. Selon le protocole d’accord (MoU), les deux pays feront de la course un "moyen essentiel de servir les intérêts communs des deux pays, en renforçant les liens sociaux et humanitaires entre eux". "La partie algérienne garantira le financement des études techniques liées à sa réalisation", indique le texte, tandis que la partie mauritanienne fournira les facilités juridiques, administratives et logistiques, en accordant les exonérations fiscales et douanières nécessaires.

En 2018 déjà, l’Algérie et la Mauritanie ont commencé à préparer l’ouverture d’un poste frontalier pour faciliter la circulation des personnes et des biens, et promouvoir le commerce et les échanges économiques, mais l’absence des infrastructures complémentaires nécessaires ne leur a pas permis d’atteindre leurs objectifs.

Source : atalayar.com