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Sahara Occidental : histoire d’un conflit gelé

mercredi 1er février 2017


Les États membres de l’Union africaine viennent de voter le retour du Maroc au sein de l’organisation. Une décision qui relance les interrogations sur l’avenir du Sahara occidental.
Le Maroc, qui contrôle aujourd’hui la majeure partie du Sahara occidental, considère ce vaste désert de 266.000 kilomètres carrés, soit environ l’équivalent du Royaume-Uni, comme une région de son royaume, tandis que le Front Polisario revendique l’indépendance du territoire et demande un référendum sur l’autodétermination des peuples.
Le conflit débute avec la décolonisation espagnole, peu avant la mort du général Franco. Le 6 novembre 1975, le roi marocain Hassan organise une marche pacifique appelée la « Marche verte ». Environ 350.000 personnes partent du Maroc et entrent sur le territoire qu’elles considèrent comme les « Provinces du sud ». La marche comporte une forte valeur symbolique. Le 14 novembre, les accords de Madrid officialisent le partage : le Maroc obtient les deux tiers, la Mauritanie, le tiers restant. L’Algérie, le parrain des indépendantistes, et Front Polisario ne sont pas consultés.
Entre fin 1975 et 1976, plusieurs dizaines de milliers de Sahraouis fuient la guerre et se réfugient à Tindouf, en Algérie, dans des camps administrés par des cadres du Polisario. La rupture du dialogue s’est cristallisée lorsqu’en février 1976 le Front Polisario crée la République Arabe sahraouie démocratique (RASD) qui sera reconnue par l’Union Africaine, mais pas par l’ONU. Alors qu’en 1979, la Mauritanie décide de se retirer des affrontements, le Maroc annexe son territoire, le conflit entre les deux partis s’enlise.

Dans les années 1980, le Maroc construit un gigantesque mur de sable séparant le territoire du nord au Sud qui façonne le découpage actuel du désert. Le Maroc contrôle 80% du territoire contre 20% pour les Sahraouis. La construction du mur de défense se termine en 1987. L’ONU lance, en 1991, la Minurso (mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental) afin de fournir les bases de négociations pour instaurer la paix dans la région. Un cessez-le-feu est acté mais le référendum initialement prévu en 1992 n’aura finalement jamais lieu. Selon les autorités algériennes, près de 150.000 personnes sont encore réfugiées dans les camps sahraouis de Tindouf qui devaient initialement être provisoires.
Gelé sur le terrain, le conflit n’a jamais été clairement tranché sur le plan du droit international. Depuis 1963, le Sahara occidental est inscrit sur la liste des territoires non-autonomes de l’ONU. Au départ des troupes espagnoles en 1975, le Maroc et la Mauritanie revendiquent leur autorité « légitime ». Selon un avis rendu par la Cour internationale de La Haye en 1974, il y avait effectivement un lien entre le Maroc et le Sahara occidental avant sa colonisation par l’Espagne en 1884. Ce n’était pas une « terra nullius », une terre sans administration, et des documents attestent de l’existence de liens d’allégeance entre le sultan marocain et certaines tribus sahraouies. La juridiction montre également qu’il existait des droits de nature foncière de la Mauritanie sur le territoire du Sahara occidental. Cependant, elle ajoute que l’existence de ces liens n’établit en aucun cas une relation de souveraineté territoriale ni du Maroc ni la Mauritanie.
Depuis, le Maroc et le Front Polisario campent sur leur position et aucune solution ne semble être d’actualité. Le retour du Maroc dans l’Union africaine pourrait-il laisser entrevoir une réconciliation possible ? Rien n’est moins sûr.

Source : Le Figaro (France)