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Tunisie : une thèse affirmant que la Terre est plate provoque stupeur et consternation dans le monde universitaire
lundi 3 avril 2017
Une thèse remettant en cause les fondements de la physique et de l’astronomie, à laquelle une étudiante a été autorisée à se consacrer depuis 2011, provoque la colère du monde universitaire tunisien.
« La terre (sic) est plate et le soleil gravite autour ». C’est la conclusion farfelue et sulfureuse que soutient une doctorante dans sa thèse en géologie portant sur « le modèle plate-géocentrique (sic) de la terre, arguments et impact sur les études climato/paléoclimatiques ».
Des arguments « religieux » remplis de fautes
Ce travail, réalisé à la faculté des Sciences de Sfax, avance très sérieusement – avec force fautes de français – qu’« en ce qui concerne les lois physiques connue on a rejeté les lois de Newton, de Kepler et d’Einstein vue la faiblesse de leurs fondements et ont a proposé par contre une nouvelle vision de la cinématique des objets conforme aux versets du coran. La vitesse de la lumière et du son sont ainsi recalculé et on démontré que leurs vitesses correspond à celle de l’ordre 1.43.109 km/s. La théorie du Bigbang et de l’expansion universelle ont été également rejeté ».
L’étudiante conclut que « tous les donnés et les arguments physiques religieuses ont permis de démontrer la position centrale, la fixation et l’aplatissement de la surface de la terre, la révolution du soleil et de la lune autour d’elle » après avoir soutenu que « les étoiles se situent à 7 000 000 km avec un diamètre de 292 km et leur nombre est limité. Ils possèdent trois rôles : pour être un décor du ciel ; pour lapider les diables et des signes pour guider les créatures dans les ténèbres de la terre ».
Une recherche autorisée et menée depuis 2011
La communauté scientifique et universitaire est en émoi et dénonce un scandale en pointant du doigt la responsabilité de l’encadreur de cette thèse, Jamel Touir, maître de conférence à la faculté des sciences de Sfax et ancien député à l’Assemblée Nationale Constituante (ANC), qui depuis 2011 a laissé faire une telle recherche.
« Pour remettre en cause Copernic, Galilée, Képler, Newton, Einstein, soutenant que ce sont des ‘chimères’… Comment un tel travail a-t- il pu être accepté dans le cadre de l’École doctorale depuis 2011 ? Comment peut-on accepter que l’Université soit non pas l’espace du savoir, de la rigueur scientifique, mais celui de la négation de la science, celui où la science est refusée car non conforme à l’islam ! » s’indigne la physicienne et professeure à l’université de Tunis, Faouzia Charfi.
« C’est une thèse soutenue dans une faculté de sciences et non de théologie ! » tempête un autre universitaire, tandis que Jamel Touir se défend en rappelant que la Constitution garantit la liberté de penser et et la liberté académique. Il affirme par ailleurs être « l’objet d’une campagne malveillante, portant atteinte à sa réputation et à ses compétences scientifiques » en précisant : « L’étudiante que j’encadre a voulu revoir la théorie de la gravitation de la Terre autour du Soleil, en proposant l’hypothèse inverse. Ce n’est qu’un brouillon ».
N’empêche, les universitaires ne décolèrent pas. « C’est inacceptable, c’est inadmissible. L’ignominie rejaillit sur toute la communauté des chercheurs, sur l’Université tunisienne, sur la crédibilité de nos diplômes, sur les possibilités de recrutement de nos jeunes dans les laboratoires étrangers et même sur le pays », s’insurge l’universitaire spécialiste en gestion, Chokri Mamoghli.
Le tollé est tel que le ministère de l’Enseignement Supérieur a diligenté une enquête. Cet incident pourrait être salutaire puisqu’il pourrait pousser l’autorité de tutelle à se pencher sur les maux qui gangrènent l’Université tunisienne et lui font perdre son niveau.
Source : Jeune Afrique