Accueil > Actualités > A la Une > Visite de Mohamed Ould Abdel Aziz à Rosso : Un périple plein de suspens et (…)

Visite de Mohamed Ould Abdel Aziz à Rosso : Un périple plein de suspens et de non-dits

mardi 2 juillet 2013


Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a entamé hier, dimanche 30 juillet 2013 un périple qu’il a commencé au Trarza par la localité de Beguemoun, Moughataa de R’Kiz, où il a supervisé le lancement de la saison agricole 2013-2014. Quelques heures plus tard, il était à Rosso, capitale de la région où les comités d’accueil ont été séchés. Le président, sommé de ne pas déployer beaucoup d’efforts par ses médecins, avait regagné directement les locaux de la Wilaya, se contentant de saluer la foule au passage sans quitter le cortège. Au passage, la visite a connu une forte mobilisation des contestataires, notamment ceux du mouvement du 25 février, enregistré des crochets entre clans rivaux, et même un interdit de prise de parole pour le maire de la ville pour ses démêlés avec le frère de la Première Dame, si l’on en croit plusieurs sources d’information. Le passage de Mohamed Ould Abdel Aziz au Trarza, c’est aussi la position mitigée de quelques élus de l’opposition qui ont fait la parade et d’autres supposés ténors de l’opposition qui ont battu le record de la mobilisation. Compte-rendu.
Texte seulement

C’est aux environs de 7 heures du matin du dimanche 30 juin 2013 que le président Mohamed Ould Abdel Aziz est arrivé à Rosso avant de prendre directement la direction de R’KIZ, à une trentaine de kilomètres de Rosso, pour superviser dans la localité de Beguemoun le lancement de la saison agricole. Il a ainsi inspecté sur place les travaux de réaménagement portant sur plus de 700 hectares. Pour cette visite de trois jours qu’il accore à la région du Trarza, Mohamed Ould Abdel Aziz inaugurera la route reliant Keur Macène et Rosso ainsi que la route Tiguint-Mederdra.

Beguemoun, un actif agricole

Au cours de son bref séjour à Beguemoun, il a eu droit à un exposé magistral présenté par le ministre du Développement Rural sur les réalisations accomplies dans le domaine agricole, après l’intervention du maire de Tekane et le porte-parole des paysans bénéficiaires du projet. Dans le tableau idyllique qu’il a brossé de la situation agricole, le ministre du Développement Rural, Brahim Ould MBareck Ould Mohamed Mokhtar a en effet indiqué que « grâce aux politiques suivies par le département, l’autosuffisance alimentaire en mil a atteint 37% des besoins au niveau national, alors que ce taux n’a jamais dépassé entre 1999 et 2000, 23% ». Le même succès a été selon lui enregistré dans le domaine de la production rizicole qui a atteint 60%, « grâce à la modernisation mécanique des moyens introduite depuis la création de la société nationale de réaménagement agricole et sa politique de commercialisation » ajoutera-t-il. Selon lui, l’agriculture a enregistré d’une manière globale un bond substantiel aussi bien sur le plan de la préparation que du suivi, ce qui a entraîné, notera-t-il en substance, l’augmentation de la production, l’élargissement des surfaces aménagées et la diversification des produits. Ainsi, « depuis 2009 date du lancement du projet d’aménagement et de réaménagement agricole, dira le ministre du Développement Rural, 11400 hectares ont été traités dont 9890 effectivement achevés et 1530 hectares en cours de réalisation ».
Le président de l’Union mauritanienne des agriculteurs de Mauritanie, Brahim Ould Ghadour semble confirmer ces performances, lui qui a soutenu que la « situation agricole aujourd’hui est l’une des meilleures jamais enregistrée », affirmant que la campagne agricole actuelle a connu pour la première fois l’exploitation de plus de 20.000 hectares pour une moyenne de 5,5 tonnes à l’hectare.
Après l’étape de Beguemoun, Mohamed Ould Abdel Aziz et sa délégation ont regagné en mi-journée la ville de Rosso où un accueil populaire lui a été réservé.

« Visite folklore et dépenses démesurées »

Les opposants et autres manifestants ont accompagné la visite de Mohamed Ould Abdel Aziz à Rosso. C’est le cas des jeunes contestataires du mouvement du « 25 Février ». Ceux-ci considèrent que la tournée actuelle de Ould Abdel Aziz rappelle les tristement célèbres virées flokloriques de ses prédécesseurs, en l’occurrence Ould Taya, avec les mêmes gaspillages, les mêmes rassemblement tribalo-sectaires, les mêmes rivalités entre clans politiques. Il en est de même de ces rafistolages à l’arraché de la route Nouakchott-Rosso, véritable hécatombe pour les voyageurs dont des dizaines y ont perdu la vie. Il en est de même de ces opérations de salubrité d’une ville dont la réputation en matière de saleté n’a pourtant jamais dérangé les autorités locales avant la visite de Mohamed Ould Abdel Aziz, fait remarquer le mouvement dans un communiqué publié hier. A cela s’ajouterait la circulaire du Wali du Trarza qui aurait interdit à ses employés la réception d’aucune lettre de plainte des citoyens.

« L’Empire Ould Rara »

Le Wali du Trarza, Ould Mohamed Rara, a eu sa part de critiques acerbes, notamment de la part de quelques journalistes accrédités qui se sont plaints d’avoir été laissés en rade, malmenés et pourchassés comme des pestiférés. Ainsi, l’entrée de la Wilaya leur aurait été interdit, alors qu’aucune attention ne leur aurait été accordé dans ce qu’ils ont dénommé « L’Empire de Ould Mohamed Rara ». Selon ces journalistes, le Wali est réputé pour son indifférence et son mépris notoire vis-à-vis de ses administrés, lui reprochant d’avoir transmis au maire central de Rosso, Fassa Yérim, l’interdiction de parole devant le président. Le discours qu’il devait prononcer à l’occasion lui aurait été retiré pour un différent qui l’oppose au beau-frère du président, le nommé Cheikh Mélaïnine Ould Nour, directeur des Bas de Rosso. La mairie de Rosso lui aurait demandé de verser un montant d’1,3 millions d’Impôts de taxe qui lui devait, représentant vingt mois d’arriérés. Non seulement, le directeur des Bacs aurait déclaré qu’il ne versera pas un khoums dans les comptes de la commune, mais il aurait également menacé le maire de prendre la moindre ouguiya des 90 millions d’UM qu’il détiendrait dans les comptes de la commune. Le maire qui n’aurait pas apprécié le ton lui aurait répondu que « nul pouvoir n’est éternel, même si aujourd’hui il se prévaut de son rang au sein de la famille présidentielle en tant que frère de la Première Dame ». Cette réponse de Fassa Yérim n’aurait pas été apprécié en haut lieu. D’où sa mise en quarantaine et les tentatives de le destituer via le conseil municipal.
Une même rivalité opposerait également le maire au Sénateur de la ville, Mohcen Ould El Hadj au point que certains n’ont pas hésité à y entrevoir une ombre sur la visite présidentielle.

Opposants à la parade

Dans la guerre des accueils qui culminent dans la Wilaya du Trarza, certains élus de l’opposiion semblent avoir décidé de jouer eux aussi leur participation. Ce serait le cas du maire de Keur Macène, Yacoub ould Hamza qui aurait décidé d’accueillir le président Ould Abdel Aziz. Cet élu du RFD (Rassemblement des forces démocratiques) serait à la tête d’une initiative visant à inciter les élus locaux du Trarza quelle que soit leur bord politique à accueillir le président Aziz. Pour sa part, les maires de Boutilimit, Ahmedou Ould Abdel Kader et Ghotob Ould Mohamed Mawloud auraient déclaré ne pas figurer parmi le lot des élus qui seront à la parade, lors du passage programmé de Mohamed Ould Abdel Aziz dans leur ville.

Ainsi, selon les premiers échos, le président du parti El Wiam, Boïdiel Ould Houmeïd serait à la tête des personnalités de Keur Macène qui accueilleront le président Aziz demain lors de sa visite dans la localité. Boîdiel qui se réclame de l’opposition dite « responsable » avait abattu un travail en amont au sein de ses partisans pour battre le rappel des troupes. Longtemps hommes fort de Keur Macène depuis 1992, il ne perdra le contrôle de sa forteresse qu’en 2006, face au ras-de-marée provoquée par le RFD qui lui avait opposé Mohamed Ould Boïlil. Aujourd’hui, Boïdiel compte revenir en force dans son bastion en ne courant pas le risque de se laisser la place à son concurrent politique.

Cheikh Aïdara

Source : Journal L’Authentique